Harcèlement scolaire : mon prof était mon bourreau
« Tu ne connais aucune base ! » « Tu n’apprends pas et tu n’essaies pas. » « Tu n’as rien à faire ici. » « Ta place est en classe ULIS [classes particulières pour la scolarisation d’élèves en situation de handicap, ndlr]. » « Tu ne sers à rien à part à ralentir tes camarades. » À votre avis, de qui viennent toutes ces phrases ? Mes amis ? Mes parents ? Mes sœurs ? Non. Tous ces mots viennent de mon prof d’anglais.
Le même qui, lorsque je lève la main pour lire un texte, me dit devant tout le monde que ça ne sert à rien que j’essaie de participer. Que je ne comprends rien. Si toute la classe chahute ou fait des bêtises, c’est moi qui finis dans le couloir. Il ne fait aucun effort pour m’expliquer l’anglais. Du coup, je patauge, et perds l’envie et la motivation d’aller en cours pour apprendre.
Il ne sait pas qu’il me blesse. Il ne connaît rien à ma vie. Il ignore que j’essaie déjà de me remettre du décès d’un proche. Du divorce de mes parents. De notre déménagement et du harcèlement scolaire que j’ai subi de la part de certains élèves.
Petit à petit, tu commences à le croire
Tous ces événements ont affecté mon corps et j’ai commencé à manger de moins en moins. À pleurer tard le soir, sans que personne ne le sache. Aujourd’hui, je commence à aller mieux mais les discours que ce prof a sur moi ne m’aident pas. Parfois, je passe au-dessus. Puis parfois non. Le sentiment de mal-être est trop fort. La tristesse et l’angoisse m’envahissent. Avec ses remarques, il détruit mes rêves et me donne envie de disparaître. Dans ces moments-là, petit à petit, tu commences à le croire…
Heureusement, je ne suis pas seule. J’ai ma sœur jumelle, Lucie, qui me défend. Qui lui crie dessus en classe, tout comme Maïlys, une de mes meilleures amies.
Lucie, faut pas l’embêter. Elle porte des joggings et tout le monde la respecte. C’est elle qui va au milieu des bagarres pour les stopper. Maïlys, c’est plutôt la fille très belle, très populaire, qui prend soin d’elle et adore faire des bêtises, même si parfois, elle aussi se sent mal dans sa peau. Elles me protègent et, sans elles, je ne sais pas qui crierait sur ce professeur qui me rabaisse tout le temps.
Au lieu de m’humilier, aidez-moi !
J’aimerais lui dire ce que j’ai sur le cœur :
« STOP ! Cher professeur, arrêtez de me traiter comme ça car, sans le savoir, vous détruisez ma vie. La vie d’une jeune fille qui a vu des personnes mourir, partir, et doit subir en plus vos mots. Et ce n’est pas parce que j’arrive à remonter la pente que d’autres y arriveront.
STOP ! Cher professeur, au lieu de m’humilier et d’humilier les élèves en difficulté, aidez-nous. Soutenez-nous. Encouragez-nous. Mais surtout ne nous discriminez pas et ne nous prenez pas pour cible. »
Léaa, 14 ans, en formation, Chartres