J’ai l’impression qu’on ne voit que mon acné
J’ai de l’acné depuis que je suis en sixième, ça n’a jamais été un sujet tabou chez moi. Mes parents en ont eu énormément, ainsi que mon frère. Lorsque j’ai commencé à en avoir, j’ai eu droit aux remarques typiques comme « tête de calculatrice », « tu es toute rouge » ou encore (d’après moi, la pire remarque que j’ai pu avoir) : « C’est des boutons ou des tâches de rousseur ? » En soi, ce n’est pas grand-chose, mais ça m’a marquée.
Le matin, l’une des premières choses que je fais, c’est de me regarder dans le miroir et vérifier que j’en ai pas trop. Mes humeurs sont beaucoup influencées par ça.
Des traitements toujours plus violents
L’acné, je donnerais n’importe quoi pour ne plus en avoir. Mes parents m’ont toujours soutenue. Ils me proposent souvent des nouvelles techniques pour m’aider à ne plus en avoir. Quand j’ai eu envie de faire un traitement plus fort, ils m’ont dit que c’était possible, même s’ils n’étaient pas trop pour car ce n’est pas très bon pour la santé. Ça coûte cher aussi. Heureusement, mes parents ont vu que c’était important pour moi.
C’est dur car quand je teste une nouvelle gamme, j’espère toujours qu’elle va marcher, mais ça n’a jamais vraiment marché ! En tous cas sur moi. Pareil pour le traitement dermatologique que j’ai essayé. Déjà, il fallait payer après le rendez-vous, ensuite il fallait payer les produits qui avaient été prescrits par le docteur.
Comme ça fait environ six ans que j’ai des boutons, j’ai testé beaucoup de choses pour les enlever. Entre les gammes des marques qui sont contre les peaux acnéiques et les traitements dermatologiques… c’est toujours dur à vivre. Surtout psychologiquement, car c’est souvent des traitements assez violents qui assèchent beaucoup la peau. Il y a souvent des gélules à prendre, plusieurs crèmes par jour. Ensuite, au début, ça ne marche pas, donc il faut toujours attendre un mois ou deux avant de voir les effets. Sauf que pendant ce temps d’attente, l’état de la peau se dégrade, donc je me sens encore plus horrible et c’est encore plus dur à vivre que d’habitude.
Les peaux parfaites des réseaux
Je me suis souvent comparée aux autres. J’ai surtout eu, plus de fois que je ne l’aurais voulu, le sentiment de dégoûter ou de ne pas attirer les garçons. Sur les réseaux sociaux, je vois les autres filles avec une peau parfaite. Avoir de l’acné influe beaucoup sur ma confiance en moi. Selon les périodes où j’ai plus ou moins de boutons, je me sens plus ou moins belle.
Une choses difficile à vivre, c’est d’entrer dans une pièce, de sentir tous les regards sur moi et d’avoir l’impression que tout le monde se dit : « Oh mais elle a plein de boutons ! » J’ai souvent cette sensation qu’on me juge ou qu’on se moque de moi. Au cours de mes années de collège, ce n’était pas qu’une sensation d’ailleurs.
Lorsque je suis dans une période où j’en ai beaucoup, j’ai l’impression qu’on ne voit que ça chez moi. Le plus dur je crois, c’est d’entendre mes amies qui n’ont pas d’acné dire qu’elles ont plein de boutons, alors que je suis juste à côté et qu’elles savent que je vis mal le fait d’en avoir. Elles me rassurent en me disant : « Non mais tu es magnifique » ; « Ça se voit pas t’inquiète. » Mais pour la plupart d’entre elles, je sens que c’est faux.
Pourquoi de la pitié ?
J’ai souvent eu l’envie d’en parler. Pas forcément à une professionnelle, mais il est vrai que j’aimerais avoir un avis extérieur. Ne serait-ce que pour m’aider à surmonter la sensation désagréable qui est parfois la mienne, de façon simple. Je suis sûre que mes parents seraient d’accord et m’encourageraient. Mon état mental a toujours été pris très au sérieux, ma mère ayant fait des études de psychologie.
L’acné n’est pas bien représenté dans les films et les séries. C’est toujours le petit intello qui n’a pas d’amis. Puis, quand le personnage finit par ne plus avoir de boutons, il devient populaire et beau aux yeux des autres. Cette vision des personnes ayant de l’acné impacte sur la vie réelle. Parce que, selon les autres, on ne peut pas être beau/belle avec de l’acné. Il est temps de changer cette vision. Il est temps de ne plus avoir de personnes dans les films qui ont de l’acné et qui attirent la pitié.
Anouk, 16 ans, lycéenne, Toulouse