L’inflation, mon père et la prison
Je vis seule avec ma mère divorcée. Elle ne travaille plus depuis plus d’une quinzaine d’années. Nous arrivons à vivre assez bien toutes les deux, malgré les difficultés. Ça fait environ trois ans que ma mère doit se passer de la pension alimentaire. Mon père étant en prison, il ne peut plus la payer. Nous n’avions pas de gros problèmes d’argent mais, depuis l’inflation, c’est tout autre chose…
Le prix des aliments dans les magasins (Netto) et les impôts qui augmentent… Cette situation nous laisse dans de grosses galères. Nous sommes limitées en fin de mois.
Suite au 49.3, qui a fait passer la loi de la retraite à 64 ans (ma mère en a 59), nous ne pouvons plus compter sur ça pour nous aider très prochainement dans nos dépenses. N’étant pas encore majeure, je dois attendre cinq mois pour faire un job d’été et aider ma mère financièrement.
Elle qui voulait prendre l’avion pour la première fois de sa vie, fêter ses 60 ans en août ; moi qui voulais partir à Londres, voir le studio de ma saga préférée pour mes 18 ans… Nous n’aurons peut-être pas la chance de réaliser notre rêve au moment souhaité.
Une mauvaise nouvelle
Les malheurs étant toujours suivis par d’autres malheurs, pendant les vacances de février, ma famille a appris une très mauvaise nouvelle. C’est ma mère qui est venue me l’annoncer : « Ta sœur m’a appelée. L’avocate de ton père lui a dit qu’il avait été placé à l’hôpital d’Aix il y a trois jours. Il a un cancer… »
Mes deux sœurs pleuraient pendant que ma plus grande sœur nous faisait part de ce qu’elle avait appris. Comme je n’aime pas trop pleurer en public, même avec ma famille, je retenais les larmes de toutes mes forces.
Le jour de la rentrée, j’étais présente en cours malgré les mauvaises nouvelles. Mais ça n’a pas duré. Pendant le week-end, ma mère m’a demandé à maintes reprises si je voulais aller voir mon père avant qu’il ne parte à jamais. C’est arrivé, le jeudi de la première semaine des vacances d’avril.
Un sentiment de rancœur
En route pour Marseille, malgré les bouchons, nous sommes arrivées à l’hôpital spécial pour les gens comme mon père. Ma sœur nous l’avait décrit, mais je ne m’attendais pas à ce qu’il ait autant changé depuis la dernière fois. Il avait maigri, avec la tête rasé, les cheveux blanc, c’est à peine si je l’aurais reconnu dans la rue.
Je n’ai pas beaucoup parlé pendant la petite visite d’une heure. Je sentais encore en moi un sentiment de rancœur pour mon père. Le fait qu’il soit malade ne pardonne pas tout… Ce qu’il a fait reste un acte horrible, il ne faut pas l’oublier.
C’est une question de temps avant que je passe le bac l’année prochaine et qu’avec un peu de chance, j’obtienne mon bac et entre dans la vie professionnelle. En espérant que ces malheurs ne bouleversent pas mes chances de réussir dans la vie.
Ashx, 17 ans, lycéenne, Port-de-Bouc