Zola N. 03/01/2023

J’aimerais bien devenir psy

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Plus tard, Zola s'imagine psychologue. Elle veut utiliser son expérience personnelle pour accompagner au mieux les sportifs.

Plus tard, j’aimerais être psychologue. Je veux faire ça pour aider les autres, notamment les sportifs comme moi, car j’aurais aimé que l’on m’aide. Ça a parfois été compliqué de demander de l’aide autour de moi. Mais j’ai trouvé l’athlétisme, et j’en fais depuis maintenant sept ans.

Il y a trois ans, j’ai choisi l’heptathlon parce que je suis une fille qui n’aime pas faire tout le temps la même chose ! L’heptathlon est donc la discipline parfaite car elle est complète. Je suis à un niveau national et j’ai été une fois double championne et une fois vice-championne de France en minimes. Le sport c’est ce qui m’aide au quotidien. Comme une échappatoire, mon moment où je ne pense à rien d’autre, le seul où j’arrive à mettre mes problèmes de côté.

Quand on est jeune, la vie n’est pas plus simple que pour les adultes, contrairement à ce qu’on nous répète souvent. Je me pose des milliers de questions à la minute : si je vais réussir dans le sport, à l’école, comment ça va se passer avec ma famille… Certains ados vivent des moments marquants, qui auront sans doute des répercussions sur leur avenir.

Mon adolescence sans mon père

Lorsque mes parents se sont séparés, je suis revenue vivre en France avec mon grand frère et ma mère après avoir vécu quatre ans dans mon pays d’origine (le Congo), pendant ma petite section, puis de mon CP à mon CE2. Je ne comprenais pas vraiment ce qu’il se passait.

Mon père, je ne vois plus. Je ne peux parler de lui sans avoir la gorge qui se serre et les larmes qui montent. Il n’y a jamais vraiment eu de conflit, mais je n’ai pas l’impression qu’il y a assez d’amour entre nous. Je pense que le fait qu’il ait refait sa vie et eu d’autres enfants y joue pour beaucoup.

On est toujours en contact, mais la distance n’arrange pas vraiment les choses. Je pense que si j’avais pu voir quelqu’un pour parler de mes tracas, de ma relation avec mon père plus tôt, cela aurait évité beaucoup de remises en question sur moi-même et ma vision de ce qu’il ressent. J’ai beaucoup de choses à lui reprocher, mais je ne le lui dis pas parce que ça empirerait la situation et ça nous éloignerait encore plus.

J’apprends à faire confiance

En grandissant, on rencontre des personnes qui avancent avec nous ou qui nous quittent. Dans le cas où on les perd, malgré la peine qu’elles laissent derrière elles, cela nous fait grandir et apprendre de la vie. Avant, m’ouvrir aux gens n’était pas un réel problème. Je les laissais facilement rentrer dans ma vie sans même me soucier de s’ils m’apporteraient quelque chose ou non. Je me suis ouverte à des gens sur des sujets importants pour moi. J’ai souvent regretté quand ces personnes sont sorties de ma vie, avec ces secrets que je gardais au plus profond de moi.

Désormais, j’apprends de nouveau à faire confiance. J’essaye de m’ouvrir et d’accepter l’aide qu’on me propose. Je suis en sport-études à Montpellier pour l’athlétisme. Dans le suivi obligatoire, il y a des séances avec un psychologue. On échange sur ma situation avec mon père. Le psy a compris que c’était un sujet qui me pesait énormément, je pense que ça va beaucoup m’aider. Il m’apporte enfin l’aide que j’ai attendue tout ce temps. En plus, cela me conforte dans mon projet professionnel.

Plus petite, je suis déjà allée voir des psys parce que j’ai été détectée haut potentiel. J’étais en avance sur les enfants de mon âge, je devais avoir 7 ans. Ma psy m’a donc fait passer des tests qui ont révélé que j’avais 152 de QI. Je me souviens que durant un de mes rendez-vous, elle m’avait montré une image d’un cochon qui avait une tache sur la peau. Les autres animaux se moquaient. La psychologue m’avait demandé ce que je ferais pour qu’ils arrêtent de se moquer, et je lui ai répondu que d’après moi, il fallait faire une tâche à tous les animaux, comme ça le cochon était moins seul. Récemment, j’ai revu cette psy et elle m’a dit qu’à l’époque, ma réponse l’avait étonnée.

Les thérapeutes m’ont donné envie

Psychologue est une profession qui m’attire car depuis que je suis jeune, j’aime écouter les problèmes des gens, essayer de les comprendre, leur apporter mon aide… Ce n’est pas forcément une bonne chose mais je fais souvent passer les gens avant moi. J’aimerais intervenir avec les sportifs car c’est un milieu qui me plaît. Je sais ce qu’ils peuvent ressentir, à quel point on peut se mettre la pression par peur d’échouer ou de décevoir.

Les sportifs n’ont pas seulement des problèmes physiques, les problèmes mentaux font aussi partie intégrante de leurs vies. La gestion du stress, la pression de l’entourage, la peur d’échouer… Être sportif de haut niveau n’est pas de tout repos. Pour pouvoir performer, la confiance en soi est un élément essentiel. Tout comme être capable de se fixer des objectifs à atteindre, de s’en sentir capable, d’être déterminé et ne pas baisser les bras au moindre obstacle, se sortir la tête de l’eau lorsqu’on est dans une mauvaise passe. Quand on traverse un moment difficile, que ce soit dans le sport ou dans la vie, cela a forcément des répercussions sur nos performances.Une stagnation, des contre-perfs ou une blessure sont des facteurs d’une baisse de mental.

C’est dans ce genre de situation où la confiance en soi est nécessaire. On a besoin d’un bon entourage pour nous épauler, pour nous rappeler ce que nous valons quand nous ne sommes pas capables de le voir nous-mêmes. C’est là aussi que les psychologues peuvent aider les athlètes à reprendre confiance, à repartir de plus belle. Il y a aussi des psychologues qui font de la préparation mentale, justement pour essayer d’éviter au plus possible ces baisses de mental.

Zola, 15 ans, lycéenne, Montpellier

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