Jane T. 06/07/2023

Je me sentais obligée de lui envoyer des nudes

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Jane a envoyé des nudes sur Snap et s’est retrouvée victime de chantage. Ni la police, ni ses parents ne l’ont soutenue.

On a commencé à parler avec des simples « coucou ça va ? » sur Snapchat. Un soir, elle me demande des photos de moi nue. Moi, comme une conne, j’envoie et… elle screen. Je ne savais pas quoi faire, j’étais en panique ! Pour qu’elle supprime, elle voulait que je fasse une vidéo en train de me toucher. Je le fais. Et elle a le culot de me dire que c’est flou. Heureusement, je ne recommence pas parce qu’il est déjà très tard et que je dois dormir.

Tout a commencé quelques jours plus tôt. Je suis sur Snap et j’ajoute tout le monde parce que je veux faire de nouvelles rencontres. J’accepte un compte fake. En gros, c’est une meuf qui se fait passer pour un gars. Je finis par savoir que c’est une meuf avec son bitmoji.

Après le screen, je continue à lui parler. Elle me demande de lui envoyer le Snap de mes potes qui sont dans le même collège que moi, et moi… je partage leurs comptes. Au début, je ne savais pas c’était pourquoi. Après réflexion, je réalise : « Elle veut leur envoyer mes nudes ! » Deux jours après, ma pote met ce compte dans sa story. Bien évidemment, je réagis : « Non, ne l’ajoute pas, je le connais ! » Mais elle accepte quand même…

« Si tu ne m’envoies pas des nudes… »

Un jour, le compte m’écrit : « Si tu m’envoies un nude avec ta tête, je te jure que je supprime. » Comme j’étais obligée, j’envoie encore une fois. Il screen encore, je deviens toute rouge derrière mon écran. Je me sens mal d’avoir encore envoyé.

Le lendemain, je descends avec ma boule au ventre, je ne prends pas de déjeuner tellement je suis stressée. Dès que j’arrive au collège, je vais voir une pote pour lui en parler : « Je ne me sens pas bien, j’ai fait des nudes et la personne a screen. » Elle est étonnée, je lui réponds que j’ai été forcée. Vers 12h30, quand on sort de la cantine, ma pote prend vite son téléphone. On va aux toilettes et elle commence à parler avec le « gars » malade. « Il » lui envoie alors : « Si t’envoies pas trois nudes, je publie sur tous les réseaux. »

J’avais peur que tout le monde voit. Il ne voulait pas me lâcher et on n’a pas pu négocier, mais je n’ai pas envoyé parce que j’avais déjà trop envoyé. À la grille du collège, une autre pote à moi me montre ma photo. Je suis choquée, je me mets à pleurer.

Du bureau de la CPE au commissariat

Je raconte l’histoire à la CPE. Elle fait venir mes potes qui ont vu la photo dans son bureau. Une surveillante essaie d’appeler le compte une fois, deux fois, trois fois… mais il ne répond pas. Donc elle signale le compte. Peu après, je rentre chez moi. Je ne dis rien à mon père parce que j’ai peur qu’il m’engueule. Mais vers 16 heures, ma mère m’appelle en furie. Le collège l’a appelée. Elle me demande de lui passer mon père. Je lui donne le téléphone, et là il s’énerve.

Je pars avec lui au commissariat de police, mais quand j’arrive à l’accueil c’est un policier et je suis gêné de lui dire. Il me demande ce que j’ai fait. Je lui dis : « Des nudes… » Il me demande si c’était en sous-vêtements ou nue, j’ai dit : « Nue… ». Mais j’étais gênée. Du coup, il nous dit de monter dans le bureau des policières. Je raconte alors mon histoire à une policière, mais la porte est ouverte. Ça me saoule parce qu’elle répète fort ce que je dis, comme si elle était toute seule.

Je ne me sens pas vraiment comprise, j’ai l’impression qu’elle se fout de moi ! Elle est trop hautaine. À la fin, elle me dit : « Même ma fille de 14 ans n’aurait pas fait ça. » Mais c’est bon, elle m’a saoulée, parce que je n’étais pas consciente de ce que je faisais. Elle nous dit : « Je vous recontacte dès que j’ai des nouvelles. » Je n’en ai jamais eu.

Le harcèlement, puis les coups de mes parents

Le compte fake ne m’a plus envoyé de message, mais je crois qu’il est actif parce que ma pote a envoyé un message il y a un mois et le compte a ouvert… Je n’ai jamais pu savoir qui était derrière.

La réaction de mes parents à été violente, en mode ils m’ont frappé, et ma mère m’a fait culpabiliser : « Maintenant tu te mets à poil sur les réseaux sociaux toi ! » ; « T’es une folle. » Heureusement, mes potes m’ont soutenue et la surveillante à qui j’en avais parlé a été très compréhensive, elle m’avait dit : « Si tu as besoin de parler je suis là ! » Moi, je ne m’attendais pas à ce que la personne soit aussi mauvaise.

Jane, 15 ans, lycéenne, Paris

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