« Je ne vais pas me cacher toute ma vie ! »
Je vois les vêtements des femmes comme une clôture avec des barbelés. On devrait pouvoir s’habiller comme on le souhaite, sans risquer d’attirer des regards ou des remarques malsaines. Pourtant, ce n’est pas le cas.
Un jour, pendant les vacances d’été, j’allais au Lidl avec ma sœur. En sortant de chez nous, on croise un homme qui se retourne pour nous accoster. Ma sœur parle, rigole, mais moi je vois qu’il y a quelque chose qui cloche. Il nous demande d’où on vient, si on est en vacances et notre âge. Ma sœur lui dit que j’ai 18 ans et elle 16, alors que j’en avais 14 et elle 12. Elle dit aussi que l’on vient de Mayotte et qu’on va bientôt repartir là-bas. Tout était faux.
Aussitôt, il oublie ma sœur et ne parle plus qu’à moi. Il me demande si je suis célibataire, si je cherche un homme comme lui et si je veux son numéro. Je réponds non mais il continue à me parler, à insister, jusqu’au moment où il décide enfin de nous laisser.
J’ai eu tellement peur que je me suis arrêtée de marcher pour le laisser partir loin. Mais arrivées dans le Lidl, il était là. Alors, avec ma sœur, on s’est pressées, on a pris nos courses et on est parties à toute vitesse.
Une semaine est passée. J’angoissais. J’avais peur de le recroiser. Je ne sortais pas ou très peu. C’était horrible. J’avais le sentiment constant de devoir me méfier des hommes.
Pas de vagues
Ma sœur et moi, on ne voulait pas créer de problèmes, alors on a préféré se taire. Mes parents ne sont pas ouverts d’esprit et même si j’essaie, ils ne changeront pas. Ils ne sont pas d’accord pour que j’ai des amis garçons. À partir de la sixième, ils m’ont demandé de m’habiller de façon ample et large à cause des garçons. Ils disent que comme je suis une fille, on doit me « préserver ».
Je suis partagée sur le sujet. C’est vrai que la plupart des choses graves comme le viol ou les agressions sexuelles arrivent plus souvent aux jeunes filles et femmes mais je ne vais pas non plus rester cloîtrée chez moi toute ma vie sous prétexte que je suis une fille.
Au fond de moi, je sais que ça se reproduira. Je ne suis pas une jeune fille dite « plate ». Je vais bientôt avoir 15 ans et j’ai des formes. Mais je ne vais pas me cacher toute ma vie ! Alors je continue de m’habiller comme je le souhaite.
Zaineb, 14 ans, collégienne, Nouvelle-Aquitaine
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