Antoine D. 28/08/2023

Le jeu de rôle m’aide à être un meilleur prof

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Antoine adore les jeux de rôle. Pour captiver ses premiers élèves et oublier le trac, il s’est mis dans la peau d’un maître du jeu.

« Un jour, il faudra penser à grandir ! » ; « Arrête de fuir la réalité. Tu n’es plus un enfant ! ». Voici quelques phrases auxquelles j’ai eu droit durant mon enfance. Mon entourage s’inquiétait sûrement de me voir rester plongé dans mes passions et de ne pas intégrer véritablement le « monde des adultes ». Pourtant, c’est bien grâce à l’une de ces passions que j’ai pris confiance en moi et que je me sens capable, aujourd’hui, d’exercer le métier de professeur.

Cette passion, c’est le jeu de rôle (ou JDR). Le principe est simple : les joueurs sont réunis autour d’une table et doivent incarner des personnages dans un univers fictif afin d’accomplir une quête. C’est le maître de jeu (ou MJ) qui a imaginé le scénario et qui orchestre la partie. Il est le seul à connaître l’intégralité de l’histoire et guide les joueurs à chaque tour en fonction de leurs décisions et actions. C’est le rôle que je préfère. Ces aventures font la part belle aux dragons, chevaliers et magiciens. Elles n’ont rien à envier aux scénarios des films américains ou des séries Netflix.

En ce moment, mes histoires s’inspirent de la mythologie grecque. Les joueurs doivent accomplir des travaux comme Hercule afin d’empêcher les Titans de se déchaîner sur des innocents. Ils doivent, par exemple, réaliser des défis quasi-impossibles, forger une arme incroyable pour affronter les ennemis comme Thor dans l’univers Marvel ou encore réussir un concours de rhétorique pour obtenir le soutien des dieux.

Mon énorme boule au ventre

Faire des recherches, lire des livres, s’approprier des règles, créer des personnages et des scénarios… Tout ça, je le fais avec enthousiasme depuis cinq ans. Au départ, c’est une vidéo du youtubeur Le Joueur du Grenier (ou JDG) qui m’a initié au jeu de rôle puis j’ai commencé à faire des parties avec des amis et c’est là que je me suis dit : « C’est ça que j’adore ! ». À l’époque, j’étais loin de m’en douter mais ce jeu m’a aidé et m’aide encore aujourd’hui à être un meilleur prof.

Je l’ai réalisé lors de mon premier stage. On m’a demandé de prendre en charge une classe. Pour me préparer, j’ai travaillé comme si je préparais une partie de JDR avec des potes. Je prenais les documents fournis, je notais les informations principales à transmettre, j’anticipais les questions et préparais mes réponses et mes exemples en fonction des infos que j’avais sur mes élèves. Ça pouvait être les activités extra-scolaires qu’ils pratiquaient ou leurs passions.

Quand je me suis retrouvé devant la classe de seconde, j’avais une énorme boule au ventre. Mes mains tremblaient et je me suis dit : « Bon ben foutu pour foutu, allons-y à fond ! ». J’ai commencé à parler avec les mêmes gestes, les mêmes intonations, que lorsque je suis maître de jeu. Un truc tout bête mais je tendais la main en direction de l’élève qui voulait répondre à une question. Et ça a marché ! J’avais l’impression de les captiver et moi je les voyais s’impliquer.

Ma petite victoire

J’avais un peu peur de ne pas agir comme un véritable prof. Mon tuteur a balayé mes doutes d’un revers de main en me disant que j’avais assuré. Au moment du bilan, j’étais soulagé quand il a évoqué les points positifs. Il a parlé de ma manière d’animer une classe, de m’adresser aux élèves et d’occuper l’espace. Des points que j’ai pu développer grâce au jeu de rôle.

Le fait que mon tuteur valide ma manière d’enseigner, c’est aussi une sorte de petite victoire pour l’enfant que j’étais et à qui on a toujours opposé « passion » et « vraie vie ». J’aurais aimé qu’on me dise qu’une passion peut être un point de départ de beaucoup de choses, que ce n’est pas seulement quelque chose d’enfantin.

Aujourd’hui, j’ai l’intime conviction que pour donner goût aux élèves d’apprendre, il faut que nous, enseignants, on s’adapte et qu’on s’intéresse à leurs passions. Je veux être prof de SES et, dans les cours que j’ai pu donner, je me rends compte que quand on évoque l’actualité, le sport, les jeux vidéo, Harry Potter, les élèves sont attentifs parce qu’enfin on parle de quelque chose qu’ils aiment. Je suis convaincu qu’il faut se servir de ça pour les accrocher et les accompagner dans la découverte de nos matières.

Antoine, 23 ans, étudiant, Lille

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