Jeune sportif, une vie de sacrifices
Ma vie est faite de sacrifices. Je n’ai pas la vie normale d’un adolescent de 16 ans. Je suis dans un pôle espoir de hand. À 14 ans à Montpellier, je suis rentré dans ce monde où la vie bat à 100 à l’heure. Je m’entraîne tous les après-midis de 16h30 à 19 heures. Ensuite, je rentre à l’internat pour manger, travailler, me doucher, dormir. Tous les jours de la semaine.
Le week-end, je passe mon temps en déplacement pour les matchs partout en France. Quand je ne fais pas ça, je suis occupé par mes devoirs. Je ne sors pas, je ne vois pas mes potes en dehors du lycée et du hand. Les relations amoureuses, j’ai essayé : c’est mission impossible. Je n’ai même pas de temps pour moi.
Mes vacances ne sont pas faites pour me reposer. À la Toussaint, je n’ai eu que quatre jours de repos… qui se sont transformés en journées de révisions. Même le dimanche avant la rentrée, j’étais en Corse pour jouer un match. Je suis rentré en avion à 22 heures et je me suis couché à 1 heure.
Je doute parfois de mon choix
J’ai commencé ce sport après avoir vu des matchs à la télé. Au début, je faisais du rugby car ma famille est une grande famille connue dans le rugby français, avec d’anciens internationaux. Mais, trop jeune, j’étais déjà comparé au plus haut niveau. Il y avait une exigence de ma famille et des entraîneurs alors que je n’avais que 10 ans. Aucune faute n’était autorisée, du moins très peu.
J’ai dû être autonome dans une grande ville très rapidement. Je réside en internat. Ça a été compliqué au début, mais à force d’oublier des rendez-vous ou du matériel, d’échecs dans les études et dans le handball, je commence maintenant à l’être à 100 %. C’est lourd parfois, et ça m’arrive aussi de douter de mon choix. Je me pose la question à cause du manque de résultat sportif et des gens dont je me suis séparé. Je n’ai plus aucun contact avec mes amis d’enfance, je ne les ai pas revus depuis trois ans. En plus, ce n’est pas la meilleure qualité de vie avec le manque de sommeil et le bruit à longueur de temps.
Quand j’ai commencé cette vie, je ne m’attendais pas à avoir autant de surcharge sur le long terme, autant de pression. Je ne vois ma famille que le week-end et je ne leur en parle pas. Elle habite à plus d’une heure de Montpellier.
Je garde en tête un plan B
Devoir être le meilleur possible et abattre ses adversaires est la seule mentalité à avoir avec la compétition. Il faut être vicieux de A à Z. Cela demande énormément d’efforts d’être comme ça. Ne pas montrer ses émotions complique ton rapport aux autres. Ma manière de m’exprimer se joue sur le terrain. C’est là où on peut voir mon vrai visage et ce que je ressens. C’est vrai que c’est un peu contradictoire mais, pour le moment, c’est comme ça que je me sens le mieux et que je pense pouvoir faire le meilleur de mes performances.
Si je fais tout ça c’est pour en faire mon métier et toujours tendre vers le meilleur de moi-même. Je garde en tête un plan B parce qu’une blessure grave peut arriver à tout moment. Il ne faut pas avoir qu’un seul objectif, mais continuer les études. Je veux montrer aux personnes ayant les mêmes ambitions que moi que tout est possible.
Bastien, 16 ans, lycéen, Montpellier