Kev D. 08/01/2024

La classe Ulis, mes progrès et ma honte

tags :

Kev a fait sa scolarité dans des classes accueillant des enfants en situation de handicap ; une décision qui l’a plongé dans un profond mal-être. Accompagné par une psychologue, il a réussi à tripler sa moyenne et sa colère s’est envolée. Mais sa honte d’être placé dans des classes spécialisées, elle, est restée.

Au collège, j’avais une psychologue. Je travaillais avec elle. J’étais vraiment mal à ce moment-là. J’étais découragé, je n’avais pas confiance. Elle m’a donné des conseils, elle m’a aidé à comprendre ce que je traversais, à ne pas douter. Elle m’a envoyé sur le droit chemin.

Depuis mon enfance, j’ai des difficultés pour apprendre à l’école. C’est difficile de retenir des choses. Ça me fait vraiment mal au cœur. À l’école maternelle, ils m’ont dit d’aller dans une classe spécialisée pour me gâcher la vie ; en cinquième, d’aller dans une classe pour que je m’améliore dans certaines matières. C’était une classe Ulis (unité localisée pour l’inclusion scolaire). J’étais dégoûté, triste, énervé. Je me suis dit : « Pourquoi je suis mis dans cette classe ? » ; « Pourquoi j’ai des difficultés ? » J’avais honte d’être là.

Apprendre ensemble

C’est l’école qui a appelé la psychologue. La directrice du collège avait vu que j’avais besoin d’évacuer, que j’avais gardé beaucoup en moi. J’ai vu la psychologue pendant longtemps : c’était tous les mercredis, toutes les années de collège.

De base, je ne voulais pas y aller. J’étais perdu dans ma tête, je ne savais pas quoi faire. Elle, elle était à l’écoute, compréhensive, elle m’aidait dans mes difficultés. Comme j’avais un petit problème avec la lecture, on la faisait ensemble. On faisait des additions. Elle m’apprenait comme si j’étais à l’école.

Petit à petit, j’ai compris qu’elle faisait ça pour mon bien, que c’était pour m’améliorer dans les matières et avancer dans la vie. Elle m’a aidé à me concentrer en classe, elle m’a aidé dans les matières où je n’arrivais pas. Ça a changé pour moi : avant, j’avais des mauvaises notes basses, plutôt des 5. Après, j’avais 15.

Voler de ses propres ailes

Elle a vu que j’avais progressé, alors, après la troisième, j’ai arrêté d’aller la voir. Au début, ça faisait bizarre sans elle. Avec le temps, je me suis habitué, car depuis la période avec elle, j’arrive à me concentrer mieux.

Je suis allé au lycée professionnel. Je voulais faire conducteur de train, mais ils m’ont dit que j’étais trop jeune et que je devais faire logistique en attendant. C’était aussi une classe Ulis. C’était moyen, parce que j’avais toujours honte, mais les profs expliquaient bien et étaient sympas. Quand j’avais des contrôles, j’allais vers eux et ils m’aidaient à réviser. Ils faisaient des cours de soutien. Malgré mes difficultés, j’ai persévéré dans la vie. Je suis fier de moi.

Kev, 19 ans, stagiaire, Savigny-sur-Orge

Partager

Commenter