La France à chaque vacances
Dans ma famille, on a souvent plein de projets. On a déjà voulu partir à Pompéi en Italie, à la Réunion, en Espagne ou en Corse. Ça commence toujours par : « Cette année on veut partir là », « ici », « là-bas… » Moi, quand ils me disent ça, évidemment je suis impatiente ! Mais ça finit toujours par : « Au final, on ne part plus. »
Alors là c’est vraiment la poêle qui se fout du chaudron. Après cette phrase, je m’énerve tout le temps, parce que je me fais toujours plein de scénarios qui ne se réalisent jamais…
Depuis que je suis petite, je n’ai connu que ce pays. La France. À chaque vacances. À celles qui durent deux semaines comme celles qui durent deux mois. Je vais dans trois endroits : l’île de Ré, La Roche-sur-Yon en Vendée chez mes grands-parents, ou à Sainte-Dode, dans le Gers, pour aller voir mes cousins et leurs chats. Je les considère comme des endroits « sauveurs de galère ». Ça ne me déplait pas, mais je commence un peu à me lasser.
Changer d’air… sans changer de pays
À l’île de Ré, j’ai une grande maison de vacances. Dans mon village, il y a le port, le clocher, la tonne de restaurants. La maison est près d’une plage, qui n’est pas vraiment une plage. C’est plutôt un bar-restaurant avec une digue qui sépare la mer du terrain de sable. Je passe mes journées à faire du vélo, à me balader.
En Vendée, chez mes grands-parents, c’est plutôt un endroit de décompression pour ma mère. Elle laisse ma grand-mère s’occuper de ma sœur et moi, alors la plupart du temps, on reste à la maison. Parfois le soir, je vais faire une balade nocturne avec ma grand-mère. Ça me permet de me vider un peu l’esprit.
Sainte-Dode, c’est l’endroit que je préfère. Mes cousins habitent dans une immense maison avec vue sur les champs et ça, c’est incroyable. Ils ont un grand jardin et une piscine. Quand j’y vais, la plupart du temps, mon objectif c’est de squatter la piscine comme si c’était la mienne.
Rester chez mes parents pendant les vacances, c’est une torture pour mon mental. Même si j’aime beaucoup rester chez moi en période de cours, pendant les vacances, il faut absolument que je change d’air pour m’éloigner de mes problèmes et respirer. Alors dès que j’ai l’opportunité de changer d’endroit, même s’ils sont très limités, je me contente du peu que j’ai. Mais ce sont tellement les mêmes endroits que je sens de moins en moins le changement d’air.
Les vacances des autres : le rêve
Si je ne suis jamais sortie en dehors de la France, c’est toujours à cause de problèmes d’argent. On n’en a jamais assez et, chaque année, les impôts nous démontent tels des meubles Ikea. Donc on ne part pas. On est quatre. C’est un sacré budget de partir en vacances à quatre. Je suis pas mal jalouse des familles de mes amis qui sont plus nombreuses et qui, eux, je ne sais pas comment, partent en vacances dans plein de pays différents. Ça m’agace.
Lors de conversations avec des potes, ils me disent où est-ce qu’ils partent et à partir de ce moment-là, je me dis : « Oh non. Ô enfer et damnation. Je vais définitivement commettre un meurtre. »
J’ai soudainement cette pulsion, parce qu’ils vont souvent dans des pays incroyables où j’ai trop envie d’aller comme l’Italie, la Corée du Sud, le Japon ou les États-Unis. Comme par hasard.
Le fait qu’ils créent de nouveaux souvenirs ailleurs me donne envie. Moi, j’ai l’impression de ne pas en créer assez, de ne pas assez profiter de ma jeunesse. Je fais classe euro anglais. Je veux devenir bilingue. Quand je serai grande, j’aimerais bien partir m’installer aux États-Unis. Mais bon, ça serait déjà bien d’y partir en vacances.
Lisa, 16 ans, lycéenne, Eaubonne
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