La France, c’est pas mon Eldorado
Au lycée, on m’a toujours présenté la France comme l’option évidente pour poursuivre mes études, et pour m’installer plus tard.
Au lycée, le seul pays dont on te parle, c’est la France. On m’a présenté les universités françaises, les prépas et les grandes écoles. Si on veut faire des sciences, c’est la France. Si on aime les lettres, c’est la France. Et si on préfère l’économie, c’est la Suisse ! Faux, c’est la France. Bon, c’est tout à fait normal que l’on nous présente les opportunités françaises dans un lycée français. En plus, tous les choix, toutes les notes, toutes les appréciations des professeurs, tous les bulletins, c’est pour Parcoursup. Et Parcoursup, c’est uniquement français.
La France n’est plus un pays d’avenir
L’année dernière, en seconde, je suis parti en Ontario, au Canada, en tant qu’étudiant international. Pour mes amis américains, la France, c’est Ratatouille, la tour Eiffel, les films romantiques et mon accent en début d’année, apparemment le plus drôle du monde. Mais ce n’est pas la réussite, ce n’est plus un pays d’avenir dans lequel ils pourraient venir s’installer et vivre.
Trouver un pays d’avenir, c’est aussi ce qui m’intéresse. Si la France excelle dans l’enseignement des mathématiques, la voie qui m’intéresse, ce n’est pas trop ça pour les débouchés par rapport à d’autres pays. Ayant un égo surdimensionné, je m’imaginais déjà à l’X, à l’ENS, à Centrale ou à Saint-Cyr. J’ai envisagé toutes les grandes écoles que l’on m’a présentées au lycée français de Tanger.
Je ne veux pas m’enraciner, je veux réussir
J’ai la chance d’avoir d’autres options. J’ai la chance d’être français, marocain et espagnol, et de venir d’une famille multiculturelle. Entre la famille en Suisse, en Allemagne, aux États-Unis ou encore en Angleterre, les possibilités se sont démultipliées.
Au final, je pourrais aller en France, m’enraciner dans un pays dont je partage déjà la culture et même les origines. Après tout, je suis dans un lycée français ! Je pourrais aussi rester au Maroc, pays dans lequel je vis et où je suis né. Je pourrais aller renouer avec mes racines espagnoles et m’y installer ! Mais je ne veux rien de cela, je ne veux pas m’enraciner. Je veux réussir.
Je préfère aller à l’étranger, vers ce que l’on ne m’a jamais présenté. Lorsque l’on voit les classements mondiaux, les statistiques des élèves qui trouvent un très bon travail juste après leurs études, je vois très clairement que d’autres pays comme la Suisse, l’Angleterre, le Canada ou les États-Unis sont plus intéressants. Leurs écoles sont d’ailleurs tout aussi bien placées, voire mieux que les écoles françaises.
La France, le pays dont on m’a parlé toute ma vie, le pays présenté comme la finalité de mes études, comme ma prochaine étape après le lycée, n’est ni ma seule option, ni mon premier choix. Je ne « souhaite » pas la France.
Slimane, 17 ans, lycéen, Tanger (Maroc)