Clara A. 17/12/2021

Le harcèlement a continué sur les réseaux

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Clara, 15 ans, harcelée au collège par ses « copines », a vu l’acharnement se poursuivre jusqu’aux réseaux sociaux.

Je n’ai jamais réellement été intégrée dans mon école. J’ai toujours eu l’impression d’être en trop dans un groupe. Tout a commencé au collège, quand j’étais en classe de sixième. J’étais plutôt stressée. J’avais une amie, c’était la seule. J’avais du mal à me sociabiliser. Je me sentais plutôt isolée.

Des filles de ma classe ont commencé à se moquer de moi. Je ne sais pas trop comment ça a débuté, mais c’était sur le physique par exemple, sur ma taille, mon visage comme mon nez. C’était tout le temps et partout.

Des messages de haine non stop

Chaque matin, en passant la grille de l’école, j’avais une boule au ventre. Je mangeais seule à la cantine. À la salle de sport, j’ai un jour retrouvé ma paire de chaussures dans la poubelle. C’étaient toujours les mêmes filles. Je n’ai jamais compris pourquoi elles s’acharnaient autant sur moi.

Ça ne s’arrêtait pas au collège, même chez moi je recevais des messages sur les réseaux. C’était toujours les mêmes insultes du genre « connasse », « salope », toujours les mêmes moqueries sur mon physique, ma taille (car je suis grande), mon nez (parce qu’il était soi-disant gros). Je recevais ces messages tous les jours, sur Snapchat ou par texto. C’était toujours de ma faute. Je faisais semblant de rien, mais chaque message me touchait.

Quand je regardais mon téléphone, j’avais peur, peur de lire encore et encore des messages de haine. Même si je savais le genre de messages que j’allais recevoir, je ne pouvais pas m’empêcher de regarder mon téléphone. Les messages étaient toujours en privé, jamais en public. Je voyais les messages, je les lisais, mais je préférais ignorer, je ne répondais pas. Elles voyaient que j’avais vu le message, elles m’en envoyaient d’autres en me disant « tu ne réponds pas ? » et continuaient à s’acharner. Je souffrais en silence.

J’angoissais à l’idée de retourner en classe et de les revoir

Ma mère est tombée une fois sur les messages que je recevais. Elle s’est posée des questions, m’a demandé ce qui se passait. Je n’avais pas de réponses. Je pensais mériter ce que je vivais. J’étais triste. Et quand mon père est rentré du travail, j’ai pleuré dans ses bras. Je pleurais rarement devant mon père mais, ce jour-là, tout a pris le dessus.

Deux jours après mon anniversaire, c’était la fin des vacances et la reprise des cours. J’angoissais à l’idée de retourner en classe et de les revoir, de retourner en classe. Mais je n’avais pas le choix. Un matin de novembre, je n’y arrivais pas, quelque chose bloquait en moi. J’ai essayé de me forcer mais j’avais des nausées.

Je n’y arrivais pas. En arrivant en cours, mes angoisses sont revenues, j’avais peur de rester seule. Ma mère s’est rendue compte que je ne mangeais pas. Ça a duré plusieurs mois. Mes parents ont alors décidé d’en parler à l’infirmière du collège.

Après les fêtes de fin d’année, les choses ont commencé à s’arranger. Les filles ont arrêté de me calculer. J’ai repris goût à la nourriture. Je dirais même que le confinement est arrivé à temps pour moi. J’ai beaucoup changé grâce à cela. Aujourd’hui, j’ai toujours peur de me réveiller le matin, de ne pas pouvoir manger, de décevoir mes proches. Aujourd’hui, j’ai des amies, je suis bien entourée, mais j’ai toujours la crainte que ça se reproduise.

Clara, lycéenne, 15 ans, Gravelines

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