Lee R. 29/02/2024

Le rancho, sport plaisir et tradition

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Pour se rapprocher de son pays d'origine, le Portugal, Lee a décidé de danser le rancho : une danse traditionnelle du pays. Elle aimerait que ce sport soit considéré comme tel.

La musique commence. Les hommes utilisent des castagnettes en même temps qu’ils dansent. Chacun est à la droite de sa partenaire. On se tient par le bras. On est debout, buste droit, bras pliés et mains en l’air. On fait une ronde.

Danser le rancho, c’est un sport. Il existe plusieurs pas de base. Le premier est semblable à de la marche sur place, en trois temps. On le répète en tournant à droite, puis à gauche de manière très dynamique et rythmée. En plus du poids de la tenue, de la difficulté à garder les pieds dans les sabots, nous devons faire des mouvements rapides, parfois même des sauts, des tours…

Ces pas complexes nécessitent une grande agilité, une coordination précise, un travail d’équipe et une endurance physique. EH OUI, comme un vrai SPORT.

Danser pour les rendre fiers

J’ai commencé le rancho à mes 6 ans avec mes frères et mes cousins. Je m’entraîne tous les vendredis soirs dans l’association franco-portugaise de mon village en Seine-et-Marne, qui est jumelé au village portugais de ma famille.

Dans leur jeunesse, ma mère, ses frères et ses sœurs pratiquaient eux aussi cette danse traditionnelle folklorique du pays… une pratique sportive appréciée par les anciens. Avec ma famille, on se réunit au Portugal tous les étés. Une partie y habite toute l’année. Nourriture, musique, danse… tout nous relie au pays.

Mon arrière-grand-mère et mes grands-parents sont venus s’installer en France vers l’âge de 20 ans, pour bénéficier d’une meilleure vie. Pour moi, cette danse est un beau moyen de préserver et de transmettre les traditions et le patrimoine du Portugal. Je suis fière de la danser, et je sais que ça les rend fiers aussi.

J’attends chaque vendredi pour décompresser. Lorsque je danse, je ne pense plus à rien, c’est mon seul remède. Vers le mois de mai arrivent les festivals et les sorties de danse dans des lieux différents. Nous nous sommes même déjà rendus en Alsace, ainsi qu’en Dordogne. Nous dansons sur scène devant un public. Dans ces moments, je ressens du stress : la peur de faire une erreur dans la choré, de tomber, ou encore de perdre mes chaussures.

Les risques du métier

Un soir d’entraînement, je me suis même blessée le genou : une rupture des ligaments croisés. Le médecin, choqué, m’a dit en rigolant : « Ce n’est pas possible, vous n’avez pas pu vous faire ça à la danse portugaise. »

Les amis qui me demandent comment je me suis blessée ont toujours la même réaction : « La danse portugaise ?? Mais qu’est-ce que c’est ? », ou un rire suivi de petit pas et de bras levés en guise d’imitation en rajoutant : « Comment t’as pu te blesser en faisant JUSTE ça ? » Ils ont tous tendance à négliger la difficulté du rancho, et à penser que ce n’est pas du sport. Ils n’ont aucune idée de ce que c’est.

Le chirurgien m’a interdit de reprendre la danse pour le moment. Les mouvements de pivots sont trop dangereux. Ça m’attriste et ça me manque beaucoup… J’imagine chaque jour le moment où je pourrai redanser.

Malgré mon opération, je continue à me rendre aux entraînements. Même en béquille. Parfois, je me joins au groupe de musique et je joue du tambour, pour accompagner les danseurs.

Plus tard, j’aimerais pouvoir transmettre la danse à mes enfants, afin de garder une part de notre culture. Pour qu’ils ressentent eux aussi ce que je ressens à chaque pas de danse. Ça me permet de garder un pied au Portugal.

Lee, 21 ans, étudiante, Melun

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