Le sport en compétition, c’est beaucoup de sacrifices
J’ai eu une croissance rapide et en même temps je faisais du sport à cause de ça, j’ai attrapé une maladie qui a stoppé ma carrière sportive. C’est la maladie d’Osgood Schlatter : la croissance des muscles et des os ne se sont pas suivis. Mais avant ça, j’ai eu le temps d’aller au championnat de France d’aviron.
Je faisais de l’aviron et du VTT en compétition. J’avais un emploi du temps chargé : 4h de vélo, plus de 6h d’aviron, et en plus les compétitions. Pendant six mois l’aviron, c’était dur car c’était beaucoup d’entraînement. J’en faisais 2 heures, des fois 3 heures, le mercredi et le dimanche. Un samedi sur deux, j’alternais entre l’entraînement de vélo ou celui d’aviron.
Beaucoup de pression
On était en équipe comme une famille, on était solidaire. Tous mes entraînements étaient après les cours, en fin d’après-midi. J’étais donc souvent fatigué. Dans ma vie de tous les jours, c’était beaucoup d’efforts, de fatigue et d’organisation. J’avais quand même eu des bonnes notes. J’arrivais à m’organiser pour faire mes devoirs (s’il y en avait). A ce moment-là, j’étais célibataire donc c’était pas compliqué ; mais j’imagine qu’en couple ça aurait été compliqué pour se voir, mais tout ça c’est une question d’organisation. Concernant ma vie de famille, j’étais moins avec eux car ça m’arrivait de rentrer et d’aller directement me coucher.
C’était beaucoup d’efforts et encore plus pour les compétitions, et il fallait avoir le moral. Plus les mois passaient, plus je commençais à avoir mal aux genoux. Les championnats de France en aviron approchaient, le stress aussi. Je me mettais la pression par peur de faire une faute, de faire perdre l’équipe. Et puis, les championnats de France, ça met la pression.
À chaque faute, des pompes
Les entraînements étaient plus intenses pour évoluer plus vite. Il fallait toujours faire plus qu’au championnat. Quand on faisait une faute ou une bêtise, le coach nous faisait faire des pompes ou des burpees. La vie du sport de compétition est très intense et dure. Et le coach est dur.
Arrivé au championnat j’étais extrêmement stressé et apeuré. J’avais les genoux défoncés. Le championnat s’étalait tout le week-end. Le samedi les courses commençaient, de qualification en qualification, on arrivait au dimanche pour la finale.
En demi-finale, vers la fin des 1000m de course, ma rame s’est emportée avec la vague et s’est bloquée entre la rame de mon coéquipier de devant et le bateau, je n’arrivais plus à la ressortir… jusqu’à la fin de la course. Mes mains étaient pleines de sang car les poignées des avirons (les rames) se croisaient. A ce moment, le bateau a freiné et pleins de bateaux nous ont doublés. Au finale on est arrivé 35ème sur 50 alors qu’on aurait pu gagner des places.
Tout le monde contre moi
Tout mon équipage était contre moi. Je n’arrivais plus à sortir du bateau à cause de mon mal de genoux. J’en pleurais. Ça faisait six mois que je me préparais, c’était compliqué car il y avait beaucoup de fatigue, de concentration, d’entraînement dans la semaine et le weekend. Je ne sortais pas souvent, je voyais moins mes amis et ma famille. Mais ces efforts m’ont appris à être solide, à rester fort , à être capable d’aller plus loin, à m’investir. Aussi grâce au compliment du coach, aujourd’hui, je m’accroche et j’abandonne pas, et surtout j’ai appris que quand on veut, on peut ! Si je n’avais pas cette maladie je continuerai jusqu’au moins à le lycée. Mais actuellement, je suis en apprentissage donc j’ai plus le temps d’en faire.
Emilien, 16 ans , en formation, Melun
C’est un article très émouvant ce jeûne homme et très fort et courageux toute ma force avec lui