Contrôles de police : les voir puis les subir
J’ai grandi en Espagne et pendant mon enfance j’ai toujours considéré la police comme des super héros, des justiciers voire même mes idoles, comme dans les films et dessins animés de policiers que je regardais.
Petit à petit, en grandissant, j’ai commencé à voir la vérité en face. Notamment, quand mon oncle a été arrêté à 6 heures du matin et renvoyé ensuite au Maroc, car il n’avait pas la nationalité espagnole. J’étais petit et naïf et j’ai trouvé ça très cruel, c’est de là que ma haine contre la police a commencé.
À 8 ans j’ai déménagé en France, à Toulouse, ça a été un changement total qui m’a vraiment marqué. Je n’avais pas d’amis et je ne connaissais pas la langue… Mon père a trouvé un logement dans un quartier qui s’appelle la Reynerie. Au début c’était bien parce que je découvrais la ville, mais avec le temps je commençais à y voir une forme de violence très bizarre. Les jeunes se faisaient frapper par la police, il y avait des voitures brûlées… Bref, c’était pas tous les jours mais ça arrivait souvent.
Un élément du quotidien
À vrai dire, il y avait plutôt une bonne ambiance, très loin de ce qu’on peut lire sur la Reynerie. À mes 9 ans j’ai été inscrit dans une école du quartier, ce qui faisait que je traînais souvent avec des potes là-bas. Bien évidemment on était encore des gosses, on jouait juste au foot dans le City stade, puis chacun rentrait chez soi. En tant que gosses, la police nous ignorait. Mais nous on voyait ce qu’ils faisaient. Ils poursuivaient des jeunes du quartier avec des matraques, on entendait des cris…
À mes 12-13 ans, j’ai commencé à me faire contrôler par la police. Souvent c’était parce que j’étais là au mauvais endroit au mauvais moment, ou juste parce que je traînais dehors. Mais des fois c’était sans aucune raison. Jusqu’au point où des fois ils connaissaient parfaitement mon identité mais ils faisaient semblant de ne pas me connaître. Au bout d’un moment c’est devenu un élément du quotidien. Aujourd’hui je ressens une haine et un sentiment de dégoût envers la police. Ce qui est dommage, car je me doute que certains policiers font très bien leur travail, mais pas chez moi.
Mohamed, 15 ans, lycéen, Toulouse