Lycéen et livreur, c’est tranquille là où je vis
En 2020, j’ai passé mon permis, et je l’ai obtenu du premier coup. Je vais au lycée en voiture et je travaille en tant qu’auto-entrepreneur chez Uber Eat. Au travail, je suis avec des adultes, des personnes qui sont déjà parents. Alors que dans ma classe, je suis le plus grand, le seul majeur. Ici je suis le plus petit.
Mais à Uber Eat, nous avons le même statut, jeunes ou moins jeunes, nous sommes à la même échelle sociale, nous n’avons pas de patron, nous choisissons nos horaires, nous sommes indépendants et c’est ce qui me plaît. Ça paye plutôt bien ! Etant donné que je suis seulement en première, j’ai le temps de mettre de l’argent de côté pour faire de l’achat-revente de voiture et ouvrir ma concession automobile.
Je travaille environ trois heures par nuit en semaine et deux heures entre les midis et quatre le soir en week-ends. Au total, je travaille 26 heures par semaine en plus des cours. Je peux arrêter quand je le souhaite ou quand je suis trop fatigué de la journée. Par exemple, ne faire qu’une heure la soirée ou si je n’ai pas de livraison, rentrer directement. Nous sommes payés à la livraison et pas par heure, ce qui fait qu’on peut avoir plus de revenus qu’un livreur payé à l’heure dans un restaurant. L’inconvénient, c’est que quand on n’a pas de livraisons, on n’est pas payés.
Uber Eat dans les petites villes c’est différent des grandes
Nous avons des règles à respecter par rapport au Covid-19 : nous ne pouvons pas donner la commande à la main, nous laissons le sac de nourriture devant la porte en prenant en photo la commande et le client. À chaque commande et après le domicile du client, nous devons toujours nous laver les mains. Avec le Covid-19, les gens ne vont plus au restaurant pour leurs commandes, cela nous fait donc plus de livraisons. Avec le couvre-feu, nous avons gardé l’autorisation de livrer, donc cela force le client a commander chez Uber.
Vis-à-vis des critiques des livreurs Uber Eat en grande ville, je n’ai pas le même avis. Je livre dans des petites villes et en voiture tandis que des personnes le font à vélo. Cela est donc compréhensible qu’ils se plaignent de tarif ou de faire des grandes distances et de ne pas être assez payé. Mais je n’ai pas à me plaindre car je suis en voiture et il n’y a pas autant de personnes dans les rues qu’en zone parisienne où il y a beaucoup d’embouteillages. Mais ce n’est pas tellement la faute d’Uber, car ils font en sorte que tout le monde soit payé pareil pour ne pas créer de conflit en faisant tarifer un secteur plus que l’autre. Je ne peux pas critiquer tant que je n’ai pu le vivre…
Hany, 18 ans, lycéen, Denain