Wiktoria M. 21/07/2022

Ma passion pour l’horreur m’a rendue parano

tags :

Les vidéos d’horreur sur YouTube fascinent Wiktoria. Mais son addiction lui enlève des heures de sommeil et joue sur sa santé mentale.

Pendant le confinement 2020, j’étais sur TikTok. Une fois, j’ai scrollé jusqu’à tomber sur une vidéo qui a retenu mon attention. C’était sur une légende urbaine japonaise. L’histoire d’une femme, Kashima Reiko, qui s’est fait couper les jambes. Elle est morte et, si on la croise, elle pose trois questions. Si on répond mal, elle nous tue, et si on a bon, elle nous laisse en vie. Et quand tu connais la légende, elle apparaît dans le mois… C’est là que ma passion pour l’horreur a commencé.

En manque de sensations et de frissons

Je n’ai pas dormi de la nuit. Quelques jours plus tard, j’ai découvert une chaîne YouTube qui parlait des légendes urbaines, puis une autre sur des histoires d’horreur en animation. À un moment, je me suis dit « stop » parce que je n’arrivais plus à dormir. Mais ça n’a pas duré, j’étais en manque de sensations et de frissons… Alors, j’ai repris.

J’ai ensuite découvert une autre chaîne : Feldup. Il ne fait que des vidéos d’horreur qu’il appelle des  « Findings ». J’ai regardé une de ses vidéos et c’était passionnant, je ressentais beaucoup plus de frissons et d’angoisse. Tellement horrifiant ! Quelques mois plus tard, autre découverte : une chaîne qui parlait de tueurs. C’était tout aussi passionnant.

Impossible de dormir

Je me suis fait juger par la plupart des garçons de la classe. Ils faisaient des gestes comme s’il y avait des fantômes ou ils criaient : « Mais t’es bizarre ! » Je m’en fichais. Je faisais de mon mieux pour les ignorer, mais c’était compliqué. À chaque fois que je rentrais, je regardais des vidéos d’horreur et, la journée, je subissais les moqueries de ma classe. On disait que j’étais chelou, satanique. J’en regardais davantage pour oublier ce qu’il se passait en cours.

Mais, pendant ce temps-là, ma paranoïa commençait à grandir : le soir, à chaque petit mouvement, je réagissais. J’avais du mal à dormir la lumière éteinte. Le manque de sommeil me rendait encore plus parano, ça me bouffait la vie. Je craignais de mourir et de voir des créatures. À chaque coin de rue, je regardais pour vérifier si quelqu’un ne me suivait pas. Et quand j’essayais de dormir, je me demandais si quelqu’un n’allait pas me tuer dans mon sommeil. Dans ma tête, c’était le bazar.

Je suis devenue parano

Maintenant, pour dormir, je mets des vidéos YouTube… En général, des rediffs de live qui durent entre une et cinq heures pour avoir quelque chose qui m’aide à me détendre et à bien dormir. Mais je ne mets plus de vidéos d’horreur pour m’endormir. Je laisse l’algorithme YouTube faire.

Dans la rue et dans l’obscurité, ça ne change pas. Il n’y a pas un jour où je ne suis pas méfiante, où je ne regarde pas derrière moi quand je suis seule dans une ruelle, où je ne pense pas que je vais me faire agresser, tuer ou kidnapper… Quand je rentre le soir chez moi, je ne me sens pas rassurée, même si je suis au dernier étage du bâtiment où je vis.

Mon stress qui remonte et redescend

Je ne fais pas de crise d’angoisse. Mais quand j’ai une histoire d’horreur en tête, je la garde dans un petit coin… et ça ressort le soir. Je commence à ne plus supporter le noir. Alors, j’allume la lumière et mon stress commence à descendre. Mais au moment où j’entends un bruit, mon stress remonte.

Mes parents sont au courant de cette passion. Ça ne les dérange pas, mais ils ne savent pas que je ne dors parfois pas beaucoup à cause de ça. Je fais tout pour qu’ils ne le sachent pas. Ils m’ont quand même conseillé de me calmer avec l’horreur.

Wiktoria, 15 ans, lycéenne, Nanteuil

Partager

Commenter