« J’avais la sensation d’être suivie »
J’ai souvent eu peur de partir de chez moi et de ne jamais revenir. Sur le chemin pour rentrer, quand j’étais toute seule, je ressentais de la peur et du stress. J’avais la sensation d’être suivie. J’avais l’impression qu’il y avait une personne derrière moi. En fait, c’est vraiment arrivé une fois et ça m’a marquée.
Je sortais du collège, j’étais assez loin de chez moi. C’était en pleine après-midi, je rentrais seule parce que mon ami n’était pas venu en cours. Mon téléphone n’avait presque plus de batterie. D’un coup, j’ai commencé à ressentir la présence d’une personne derrière moi. Je me suis retournée et j’ai vu qu’il y avait bien quelqu’un. J’ai commencé à avoir peur. Je me suis mise à marcher plus vite en essayant de m’éloigner, mais il me suivait. C’était un homme, je ne voyais pas son visage, juste sa barbe. Il portait une veste avec une capuche noire. Il était assez grand. J’ai alors eu l’idée de passer à un endroit avec beaucoup de monde. Quand je me suis retournée, l’homme avait enfin disparu. Je suis quand même rentrée chez moi en courant.
« J’ai des images d’enfants disparus en tête »
J’ai toujours été terrifiée par les informations à la télé sur des enfants qui disparaissent. Ça m’effraie tellement que j’ai encore en tête certains souvenirs affreux d’images d’enfants morts ou disparus. Mais je sais que ma méfiance vient aussi de ma mère qui pensait bien faire en me conseillant de faire attention. Elle me disait : « Il faut toujours que tu rentres avec des amis ou que tu passes dans des endroits où il y a beaucoup de monde. » Alors forcément, ce jour-là, étant seule, voir cet homme me suivre, ça m’a fait très peur.
Après cet événement, pendant quelques mois, j’avais à chaque fois l’impression de sentir des regards dans mon dos. Des présences qui se rapprochaient de plus en plus de moi. Heureusement, depuis quelques semaines, je ressens moins de peur quand je rentre seule chez moi. Je me suis remise de cette horrible expérience. Je commence à comprendre que personne n’est en train de me suivre, alors j’arrête d’halluciner. Même si, parfois, le stress revient d’un coup. J’essaie de me calmer moi-même et généralement ça va. Aussi, je rentre le plus souvent possible avec mes amis. Aujourd’hui, je suis heureuse de pouvoir en parler sans avoir peur, mais c’est dur et effrayant d’être une fille.
Isabelle, 14 ans, collégienne, Vénissieux
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