Dylan D. 03/11/2023

Madinina mwen bél ! (Ma Martinique est belle)

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Tous les deux ans, Dylan retrouve sa famille en Martinique, alors son île, il la connaît sur le bout des doigts. Petite visite guidée à ses côtés.

Est-ce que vous connaissez la Martinique ? Ça ne sert à rien de me dire : « Ah ouais, l’île des cocotiers et des sons shattas ! » Moi je connais, alors je vais vous expliquer.

Mes parents sont originaires de la commune du Gros-Morne. Ils sont venus en France pour avoir un meilleur travail et une nouvelle expérience. Ici, ma mère est devenue aide-soignante et mon père chauffeur poids lourds. Ils se sont installés à Paris, dans mon beau 19e. J’y vis encore. Une fois que nous, leurs fils, on pourra se débrouiller seuls, ils iront terminer leur vie là-bas, si tout se passe bien.

La Martinique, c’est une île formidable, où la mentalité n’est vraiment pas pareille qu’en France. Je sais qu’on dit que la Martinique est française mais venez voir nos conditions de vie là-bas, vous allez vite capter que nous ne recevons aucune aide ou attention de l’État français. Bref, aujourd’hui, moi j’ai juste envie de vous raconter les points positifs de mon île.

Notre manière de vivre

J’y vais tous les deux ans, voir ma grand-mère, mes cousins et cousines qui vivent aussi au Gros-Morne, et franchement c’est lourd.

Là-bas, c’est impossible d’être flemmard. Des enfants jusqu’aux plus âgés, le peuple martiniquais est débrouillard et il n’a pas le choix. Pour te déplacer, si tu n’es pas titulaire d’un permis, ça va être très corsé pour se pavaner dans l’île. Il y a des bus qui passent à des heures précises et l’intervalle est très long entre chaque passage.

Je ne vous raconte même pas les conditions de travail là-bas, sachant qu’il est rare qu’il fasse moins de 20 degrés, même en hiver. D’ailleurs, le style vestimentaire n’a pas la même « valeur » qu’ici. En France on est focalisé sur le fait d’être stylé en portant de la marque. Certains font même les inspecteurs pour voir si tu portes du faux ou non, alors qu’en Martinique on s’habille juste pour être habillé.

Et là-bas, je n’ai jamais vu quelqu’un avec une veste. Comme il fait chaud, ils sont souvent torse nu en short et en claquettes. Par ailleurs, tu verras peu de personnes porter des chaussures, la chaleur là-bas est étouffante.

Vous devez donc vous dire : « Quand il pleut, ça doit faire du bien. » Bah sachez que le temps nous joue des tours, et que c’est hardcore. Il pleut très très fort, on dirait une tempête, mais la seconde d’après plus une goutte, et ça peut reprendre dans la minute suivante.

Les mélodies de mon île

Je ne vais pas vous parler de la musique, vous connaissez déjà la réputation des Martiniquais pour l’ambiance qu’on fournit… Entre le zouk, le kompas, le dancehall, le bouyon venu de Guadeloupe ou encore nos carnavals, on a ça dans le sang.

Moi personnellement, aussi surprenant que ça puisse paraître, je ne suis pas trop zouk, c’est trop doux à mon goût. Je suis plus du genre à écouter des musiques qui rendent joyeux et donnent envie de bouger, comme les instrus du kompa ou l’ambiance et l’énergie du dancehall et du bouyon.

Si vous voulez découvrir n’hésitez pas à aller écouter les mix de Natoxie, il fait bien son travail de DJ. Et en aparté, les musiques que vous entendez avec des allusions sexuelles comme Peachy Baby, Blaxco, et encore plein d’autres n’ont rien à voir avec ce que nous, le peuple martiniquais ou encore nos frères guadeloupéens, on fournit. Ils disent que c’est notre culture mais je vous assure que non.

Bon, je vais m’arrêter là. Je vous laisse peut-être sur votre faim, mais c’est fait exprès : c’est pour vous pousser à y aller ! Si vous avez l’occasion de voyager chez moi en Martinique, foncez.

Dylan, 18 ans, en formation, Paris

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