Tom T. 30/06/2022

Ma maigreur, un complexe qu’on m’a créé

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Tom est mince, et sa morphologie a longtemps été pointée du doigt par son entourage et ses camarades. De ces réflexions sont nés des complexes.

Arrivé au collège, beaucoup de choses changent. De plus en plus de remarques, de plus en plus blessantes, de plus en plus méchantes. Des remarques qui ont touché beaucoup de personnes sur leurs complexes, dont moi. Enfin, le complexe a été créé à cause de ces remarques.

J’ai subi ces remarques, et avec l’accumulation, ça commence à devenir blessant. Mon poids commençait à devenir un vrai problème au fil du temps : les gens ne comprenaient pas que c’était une question de morphologie et non une question de ne pas manger assez, ou d’être malade.

« Pourquoi t’es aussi fin ? »

Les remarques ont surtout commencé à partir de la cinquième. Les mentalités ont changé, la compétition entre élèves est devenue plus importante… En cinquième, on commençait petit à petit à se comparer aux autres, à suivre les modes et surtout, à vouloir à tout prix se fondre dans la masse.

Les remarques ont commencé en sport, certaines personnes de ma classe me disaient « Pourquoi t’es aussi fin ? » « Est-ce que tu manges ? ». Sur le coup, je ne savais pas répondre. J’étais laissé au dépourvu. Toutes ces remarques étaient très espacées dans le temps et on ne s’en rend pas forcément compte sur le coup. Mais au fil du temps, inconsciemment, mon poids devenait un sujet tabou.

Je me souviens d’une séance de sport où il fallait courir le plus longtemps possible. J’étais arrivé dans les trois premiers de la classe et, à la fin de la course, certaines personnes m’ont dit des choses comme : « Mais en fait, t’es fort en sport ». Et cette remarque a dû être la première que j’ai vraiment mal prise. Pourquoi juger les capacités sportives de chacun sur la morphologie ? Au lieu de me réjouir, j’étais blessé par l’image que les autres avaient de moi, juste à cause de mon apparence physique.

Un sujet tabou et omniprésent

La quatrième commence, la pire année de mon collège. Les remarques me touchent de plus en plus et je deviens vraiment sensible au sujet de mon poids. Aucun répit, j’y pense tout le temps. Je suis stressé dans les vestiaires en sport, je veux éviter les remarques à tout prix. Je ne veux pas en parler par peur d’être gêné devant les autres.

Toutes ces angoisses affectent mes relations avec les autres, c’est un engrenage. On ne me fait pas forcément plus de remarques mais je les remarque plus. Ce qui entraîne un mal-être, que ce soit mental ou physique. Je suis mal dans ma peau et dans ma tête.

La peur des repas de famille

J’avais le sentiment d’être différent. Je voulais être transparent, me fondre dans la masse le plus possible. Je m’éloignais des conversations, des groupes. Pour éviter de parler de moi, d’être mal à l’aise.

J’avais peur qu’on me parle de mon poids pendant les repas de famille. Pendant l’anniversaire de mon cousin, ma cousine a commencé à me demander si je mangeais bien, devant tout le monde. J’ai été terriblement gêné. Cette situation a duré dix secondes tout au plus mais pour moi, ça a duré une éternité.

Face à cette remarque, j’ai souri. J’ai rigolé pour montrer que cela ne me touchait pas. En vérité, cette remarque a été la plus blessante d’entre toutes. Une personne de ma famille qui m’est chère me faisait à son tour une remarque.

Perdre volontairement du poids

J’en avais marre des remarques de mon entourage sur mon poids. J’ai donc décidé d’en perdre volontairement, peut-être pour provoquer, pour que les autres arrêtent les « Mange plus ! » ou les « Tu devrais peser plus à ton âge ». Je voulais en quelque sorte lancer un signal d’alerte. Je refusais d’entendre ce genre de remarques.

Malheureusement, j’ai fini par ne presque plus manger pendant deux jours. Je ne mangeais plus du tout au self et chez moi, je demandais le moins possible. J’ai perdu plus de 2 kilos en l’espace d’une semaine. Heureusement que je me suis rendu compte de ma bêtise. Mes amis m’ont fait me rendre compte de la dangerosité de mes actes. Parce que j’ai vraiment frôlé l’anorexie, ou d’autres troubles du comportement alimentaires.

Plus de poids, pas de confiance en moi

Arrivé en seconde, j’ai commencé à vouloir prendre du poids. Cependant, je ne sais pas si c’est parce que j’en ai vraiment envie ou parce qu’inconsciemment, j’ai pris du poids à cause des remarques des années passées. En tous cas, je me sens mieux aujourd’hui car ces remarques ont enfin cessé. Mais je ne me sens pas mieux avec mon corps car finalement, je n’ai jamais eu de complexe avec moi-même, c’est mon entourage qui l’a créé. Je pense que je ne saurais jamais si mon souhait d’enfin prendre du poids est venu de moi-même ou non.

Mais ce dont je suis sûr, c’est que si la société ne me n’avait pas imposé ses idéaux, je n’aurais jamais eu de remarques et on m’aurait laissé choisir pour moi, normalement.

Tom, 15 ans, lycéen, Rennes

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