Nadjim D. 16/08/2023

Malgré les contrôles au faciès, je veux être policier

Nadjim se fait régulièrement contrôler alors qu'il n'a rien à se reprocher. Malgré ça, il veut continuer de croire en la police.

Plus tard, je veux être policier. Même si, depuis mes 14 ans, je me suis fait contrôler plusieurs fois par la police, sans avoir un comportement suspect. Je suis noir, grand de taille et je m’habille souvent en noir. Toujours avec un bonnet ou une casquette sur la tête.

Quand j’avais 15 ans, je me suis fait contrôler dans un centre commercial. C’était après le deuxième confinement. J’étais avec mon ami albanais et deux potes filles. On était en train de marcher dans le centre commercial. Il y avait un peu de monde et à ce moment-là, le port du masque n’était plus obligatoire.

On avance vers le fond du centre. Il y a beaucoup de gens devant nous et je suis en train de parler à mon ami.

D’un coup, j’entends : « Bonjour messieurs. Contrôle de police ». Sur le moment, je n’aperçoit pas l’équipe de police : quatre hommes et deux femmes. Deux des hommes sont accompagnés d’un chien. Une des policières nous dit de nous mettre sur le côté. Un des policiers avec le chien se met à ma gauche, un autre à droite. Je pense que c’est au cas où on prendrait la fuite.

Suspectés dans l’espace public

Les policiers nous demandent, à moi et à mon ami, de nous mettre à côté du mur. Je suis dans l’incompréhension totale. Je me demande : qu’est-ce que j’ai fait de mal ? Le policier commence à me fouiller, hyper gêné, et me demande de retirer mon bonnet. Tout le monde nous regarde. Avec ma grande taille, mon bonnet sur la tête, je ne peux pas passer inaperçu.

Le policier me demande ensuite mon identité : prénom, nom de famille, âge, si je suis connu du commissariat. Je lui réponds : « Non ». Il tape mon nom sur une tablette pour vérifier si je dis vrai. Ils posent les mêmes questions à mon ami à côté.

Fin du contrôle. Je demande au policier quel était le motif du contrôle. Il me dit : « Tu n’avais pas de masque ! ». Je lui réponds que les filles non plus ne l’avaient pas. Pourquoi ne se sont-elles pas faites contrôler ? Il ne réponds pas. Mon ami pose la même question au policier qui l’a contrôlé. Une des policières lui dit : « Quel est ton problème ? C’est un simple contrôle. Vous pouvez partir ».

Anticiper les rencontres

Depuis, quand je marche dans la rue et que je croise une équipe de policiers, je me dis toujours que je vais me faire contrôler. Et parfois, c’est le cas. Comme un jour où j’étais avec trois amis. On était habillé en qamis et on s’est fait contrôler. Pour rien. Je pense que c’est à cause de ma couleur de peau, de mon physique et de mon style vestimentaire.

Mon père et mon grand frère sont des policiers. Je ne leur ai pas parlé des contrôles car je pense qu’ils chercheront à défendre leur métier, en me disant : « Oui, c’est normal. Peut-être que tu as eu un comportement suspect et que, sur le moment, tu ne l’as pas remarqué ».

Au final, chaque policier est différent. Pour moi, certains se basent sur des préjugés pour savoir s’ils doivent contrôler un individu ou pas, sans même se rendre compte de la gravité de leurs actes.

Plus tard, je veux être policier parce que le fait de protéger les gens et les personnes qui m’entourent, le fait de savoir qu’on peut compter sur moi en cas de danger, ça me plaît. Mais j’avoue que je ne sais pas comment je réagirais face à ce type de situation.

Nadjim, 16 ans, en formation, Nantes

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