Ma mère a refait sa vie sans moi

Mes parents se sont séparés quand j’avais 5 ans. Mon père est allé « voir ailleurs » et ça se passait mal à la maison avec ma mère. Je les voyais souvent se disputer pour un rien. Malgré mon jeune âge, j’ai vite compris qu’ils n’allaient pas rester ensemble encore longtemps. Mon père est finalement parti du jour au lendemain avec une autre femme.

Pendant quelques mois, ma mère était vraiment mal. Elle faisait l’air de rien devant moi pour ne pas m’inquiéter et ne pas me faire de la peine, mais c’était très dur pour elle. J’ai tout fait pour lui apporter du soutien et de l’aide.

Je n’ai pas son adresse

À 7 ans, ça a commencé à changer avec ma mère. Elle a refait sa vie avec un autre homme que mon père. Elle a eu un deuxième enfant et à partir de ce moment-là, ça a été très compliqué. J’ai commencé à être jalouse de mon demi-frère qui venait d’arriver et je faisais tout pour qu’elle fasse attention à moi. Mon beau-père, lui, s’est détaché de moi à ce moment-là. On ne faisait plus d’activités ensemble.

À 9 ans, ma mère m’a expliqué qu’elle allait habiter à Toulouse avec mon beau-père et mon demi-frère. Et quatre ans plus tard, elle m’a dit qu’elle ne voulait plus de moi dans sa vie.

À l’heure actuelle, je vis avec mon père, je n’ai plus aucun contact avec ma mère. Je n’ai même pas sa nouvelle adresse. On n’a plus aucune relation, on ne prend plus aucune nouvelle l’une de l’autre. Je n’ai même plus de message pour mon anniversaire.

Avoir une mère « comme les autres »

Je n’ai pas choisi de venir au monde, mais elle a pris la décision d’avoir un enfant. Donc il faut assumer jusqu’au bout ! Ce n’est pas parce qu’une maman refait sa vie avec un autre compagnon et qu’elle a d’autres enfants qu’elle doit oublier les premiers. Elle ne devait pas rayer son enfant de sa vie !

L’absence d’une mère a forcément des conséquences sur l’évolution de l’enfant. Pour ma part cela m’a permis d’être moins timide, de savoir me défendre et de m’affirmer. Mais cela est aussi empreint de nostalgie, d’envie d’avoir une mère « comme les autres », de pouvoir lui parler de mes petits et grands soucis d’adolescente. L’absence crée du vide et je m’interroge sur mon futur rôle de maman et sur mon futur métier d’éducatrice. Si j’ai des enfants, ils passeront avant tout. Et si je me sépare de leur père, à aucun moment je ne disparaîtrai.

Clara, 16 ans, lycéenne, Port-de-Bouc