Jasmine P. 11/01/2021

Mon opération du cœur, le pire moment de ma vie

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Depuis son plus jeune âge, Jasmine est atteinte d’une malformation au cœur et a dû se faire opérer. Ça a été le pire moment de sa vie.

Depuis toujours, je souffre d’une malformation cardiaque. Jusqu’à présent, en parler me rendait triste. Je ne voulais pas évoquer le sujet. Je me posais plein de questions, dont la principale tournait en boucle dans ma tête : « Est-ce qu’un jour je vais en guérir ? » Mais non jamais ! Mon docteur m’a toujours dit que : « Cette pathologie n’est pas guérissable, mais réparable. »

Très vite, j’ai compris qu’il fallait passer à un autre chapitre : l’opération. Je savais que le jour allait arriver et ça m’angoissait. Pour cacher ma tristesse, je faisais croire à mes proches et mes amies que tout allait bien en jouant avec l’humour. Mais en réalité, je redoutais plus que tout cette opération. Un jour, le médecin a mis fin au suspense : « Il faut que tu fasses une opération pour réparer cette double discordance et la C.I.V, la communication interventriculaire. » Car oui, je n’avais pas qu’un seul problème, mais deux !

Des papiers qui parlent de la mort

Ça s’est passé le 21/07/2020. Un jour traumatisant, une date qui restera gravée dans mon crâne toute ma vie. Le moment de vérité où je dois me rendre à l’hôpital. Dès mon arrivée, mes parents doivent remplir plein de papiers par rapport au risque de l’opération, qui parlent de la mort. Ça me fait peur. Je me disais : « Reprends toi, ton opération va bien se passer », mais je n’arrive pas à retenir mes larmes.

Quand ma mère et mon père me parlent, une rivière coule sur mon visage. Mon cerveau ne veut pas se dire que tout va bien se passer. On a pris tous les papiers de décharge et on est parti dans une chambre. Elle était étroite, sombre, et ça ne m’a pas beaucoup rassuré. Je suis pas à l’aise avec le noir.

À peine le temps de poser mes affaires, l’infirmière frappe à la porte pour me rapporter les habits d’opération, de la bétadine (ça ressemble à du sang mais c’est un produit qui lave vraiment le corps pour enlever toutes les bactéries). J’ai pris une douche, mis une blouse d’hôpital bleue qui me tenait chaud, une charlotte sur la tête et hop me voilà sur un brancardier pour aller au bloc opératoire.

Ma mère pensait ne jamais me revoir

J’arrive dans une salle où il y a beaucoup d’enfants. Je pleure toutes les larmes de mon corps, je n’arrive pas à me retenir. Et je dois répondre à une dame à l’accueil qui me pose des questions très bizarres comme par exemple : « Tu bois de l’alcool, tu fumes ? »

Elle part, mais mes larmes, elles, ne veulent pas partir. Et là un chirurgien arrive avec un lit bizarre, noir. Ma mère aussi se met à pleurer et se dit qu’« elle ne va plus jamais me revoir ». En même temps, elle veut me consoler, mais ne réussit pas.

Au bloc, on me met sur une plaque puis sur un genre de lit gonflable chaud. Dans ma tête, une seule question : « Qu’est-ce que je fais là ? » L’anesthésiste essaye de me calmer mais moi, têtue comme je suis, je n’y arrive pas. Il a pris une heure pour réussir à m’endormir.

Tant que je vis, c’est le principal

Cette opération a été très longue. Et quand je me réveille, je vois avec plein de fils sur moi, cinq drains qui traversent mon ventre, reliés à une grosse boite qui sert à ne pas avoir beaucoup de mauvais liquide dans le corps. En même temps, je devine la pile et me demande ce que c’est. L’infirmière me dit : « C’est un pacemaker qui se trouvera dans ton corps pendant 15 ans. »

Après un mois, trois semaines et quelques jours, je sors de cet hôpital. Maintenant, je me dis que tant que je vis, le principal, c’est de s’accepter comme on est et de s’aimer comme on est. Parfois j’arrive même à oublier que j’ai un pacemaker.

 

Jasmine, 14 ans, collégienne, Nîmes

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2 réactions

  1. je suis aussi de nimes

  2. merci jasmine mon petit garçon de 8 ans va se faire opéré du cœur double discordance et j ai très peur ta lettre me remonte le moral je me dis que tous ira bien comme pour toi
    merci encore

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