Denis Y. 09/02/2022

L’orientation, quelle pression

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Denis a grandi en Roumanie. Aujourd’hui en France, il doit faire des choix pour son avenir, mais il a le sentiment de ne pas être assez armé.

En troisième, on doit choisir entre classe pro ou général, un trop gros choix à faire quand on est ado. Ensuite, on nous demande nos spécialités pour la première, sauf que si on ne sait pas ou qu’on choisit à la va-vite à cause de la pression, on peut regretter ! Je trouve que c’est trop tôt pour choisir son orientation.

Au collège, on a fait des cours pour savoir quel métier prendre. On était sur les PC du lycée et on allait sur le site Onisep, ça nous donnait le salaire d’un débutant dans le métier et les études requises. C’est vraiment utile, mais à notre âge, on n’a pas un métier précis et fixe en tête… C’était tellement stressant : tous les autres avaient l’air de savoir ce qu’ils voulaient faire. Pour moi, c’était extrêmement dur, car il y a plein de trucs que je ne savais pas. Avant d’arriver au lycée, je ne connaissais pas la section euro ni Parcoursup.

La section euro est une option qui me permet de pratiquer beaucoup plus d’anglais. Au collège, ça a toujours été mon point fort. Une fois les vœux faits sur Parcoursup, on m’a parlé de cette section, mais c’était un peu trop tard quoi. Finalement, c’est ma prof d’anglais qui m’a invité à rejoindre l’option. Quand j’en ai parlé à mes parents, soit il s’en foutaient, soit ils avaient pas compris ce que c’était. Ils m’ont juste félicité brièvement et m’ont dit de faire ce que je voulais pour mon orientation.

« Travailler pénard dans un bureau »

Tout ceci est dû au fait que je suis né et que j’ai vécu en Roumanie. Généralement, les parents expliquent aux enfants le choix des études, Parcoursup, etc. Mais comme mes parents sont roumains, ils ne savent rien sur la scolarité française. Donc, on ne parle pas trop ensemble, on parle de mes notes. Cette indifférence vient peut-être du fait que mon père n’a pas continué les études après les 16 ans obligatoires en Roumanie. À l’époque, c’était l’équivalent de la troisième en France. J’ai pu un peu expérimenter la scolarité roumaine, j’ai fait le CP là-bas, c’est différent au niveau de l’emploi du temps. Mes parents ne m’ont jamais trop parlé de leur expérience personnelle avec l’éducation roumaine. 

Mon père m’a toujours dit de faire des études, il voudrait que je sois « avocat » pour « travailler pénard dans un bureau » ou que je sois dans l’informatique. Il ne veut pas que j’ai le même métier que lui, à savoir électricien sur des chantiers. Ma mère m’encourage aussi dans cette idée. Dans les exemples de métiers qu’il donne, ou dans les différents domaines, ce sont des métiers qui m’intéressent, mais j’en sais trop rien.

Le cercle infernal de la prise de décision

C’est dur de trouver son orientation et de savoir vers quel métier aller. Je pense souvent à mon avenir chez moi, dans mon lit avant de dormir, ce qui me remplit de doutes et d’inquiétudes. J’ai l’impression d’être comme un enfant abandonné dans la jungle, qui essaie de se débrouiller seul. Je ne parle pas de mes doutes à mes parents, ni du fait que je ne possède pas toutes les cartes en mains. Car, ils n’en savent pas plus que moi et parce que j’imagine que c’est normal pour un lycéen d’être inquiet et de penser à son futur.

À part le cours spécial en troisième, je trouve qu’on ne nous informe pas assez sur ce genre de choses. Pour ma part, les infos viennent de mes amis de collège et lycée. Par exemple, c’est une amie qui m’a parlé de la section euro et qui m’a encouragé à y participer.

Voilà trois mois que la rentrée en seconde a commencé et mes inquiétudes sont déjà présentes. Le genre de choix que j’ai fait en fin de troisième, je devrais en refaire par la suite encore et encore, c’est un cercle infernal.

Denis, 16 ans, lycéen, Colombes

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