« Mon père a gâché ma vie »
Agression, alcool, vol. Voilà ce qu’était mon père. Un homme avec une calvitie qui s’habillait souvent avec des vêtements usagés et était un peu gros. Je n’ai plus le souvenir de ses yeux, mais je me rappelle qu’il était dur à vivre. De par ses remarques, ses plaintes, ses coups et ses paroles.
Non, je n’ai pas été la petite fille à son papa, mais j’aurais aimé l’être. J’ai plutôt été sa « petite pute ». Il m’a insultée de nombreuses fois, a gâché ma vie et celle de ma famille. Il se plaignait sans cesse. Il a volé 30 000 euros à ma mère et 1 000 euros à moi. J’ai commencé la vie en étant déjà pauvre. Nickel ! Il a imposé tellement de stress à mon frère aîné qu’il n’a pas pu finir le lycée. Il a frappé mon autre frère quand il n’avait que 12 ans. Ils se sont battus deux fois sous mes yeux.
Résilience
À chaque fois qu’on avait un invité, il faisait semblant d’être aimable et hospitalier, mais dès qu’il partait, il nous insultait. Il nous a fait subir bien plus que ce que je vous raconte, mais je préfère ne pas trop rentrer dans les détails. Cette merde a duré quinze ans et sa mort a été un soulagement.
Avant sa mort, je me souviens d’une fois où, en sortant du collège, j’ai aperçu un père prendre le sac de sa fille. C’est la première et la dernière fois que j’ai éprouvé le manque d’un papa. Ma mère m’a suffi et je l’aime plus que tout. J’ai eu de la chance de l’avoir car je n’ai jamais ressenti le besoin d’avoir un père grâce à elle.
Pour moi, ne pas avoir eu de vrai père m’a forgée et m’a permis de devenir celle que je suis aujourd’hui : courageuse, bienveillante, déterminée et protectrice. C’est ce qui m’a aidée à trouver ma vocation : devenir pompier. Alors même si je pouvais changer de père… je ne le ferais pas.
Eloise, 16 ans, lycéenne, Limoges
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