Alyson R. 18/10/2022

Mon père était un geek

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Alyson a vécu avec un père absent, qui passait ses jours et ses nuits sur les jeux vidéo. Accro à son tour, elle tente de s’en défaire.

D’aussi loin que je me souvienne, mon père a toujours joué aux jeux vidéo. Quand j’étais petite, il ne travaillait pas, donc il passait ses journées à jouer. Comme ma mère était la seule à travailler, on n’avait pas beaucoup d’argent et, de temps en temps, mon père lui prenait de l’argent pour s’acheter des jeux. Je me souviens que le jour où la PS4 est sortie (j’avais 7 ans), mon père a pris de l’argent à ma mère et il est parti en taxi pour s’acheter la console.

Il jouait tout le temps, même la nuit

A cette époque, je ne voyais pas beaucoup ma mère car elle travaillait énormément. C’était donc mon père qui devait venir me chercher à l’école. Mais souvent il ne venait pas, ou alors il arrivait très en retard. Il ne s’occupait pas de moi. Par exemple, si j’avais faim, c’était à moi de me débrouiller pour prendre à manger dans un placard car je savais que, même si je le lui demandais, mon père n’allait pas me faire à manger. Comme mon père jouait tout le temps aux jeux vidéo (même la nuit), ça impactait son humeur. Parfois, il pouvait être violent quand il perdait des parties.

On ne passait pas de temps en famille. Même pour les repas, je n’ai presque jamais mangé avec mes deux parents ensemble. La plupart du temps, je mangeais avec ma mère alors que mon père dormait car comme il avait joué toute la nuit et était fatigué.

Vers un isolement social

En voyant mon père jouer, j’ai aussi eu envie de m’y mettre. J’ai commencé tôt. Je ne jouais jamais avec lui. On ne passait pas vraiment de bons moments ensemble. A l’école, je ne travaillais pas et j’étais souvent convoquée dans le bureau du directeur car je répondais aux adultes et je me battais régulièrement. En CE2, je ne suis pas allée à l’école pendant un mois, et c’est ma mère qui a dû gérer les problèmes avec l’école.

Quand j’étais petite, je ne me rendais pas vraiment compte que c’était un problème que mon père soit accro aux jeux vidéo. Mais plus j’ai grandi, plus j’ai compris que c’était un problème. Si on joue trop au jeux vidéo quand on est adulte, ça peut conduire à un isolement social et on peut négliger ses responsabilités familiales et son travail.

Se fixer des limites

Aujourd’hui, mon père n’est plus accro aux jeux vidéo, il a arrêté d’y jouer quand lui et ma mère se sont séparés (j’avais 9 ans). C’est à cause de son addiction qu’ils se sont séparés.

En repensant à tout ça, j’aurais aimé que mon père ne joue jamais aux jeux vidéo et qu’on passe du temps ensemble comme toutes les autres familles. Pour moi dans une vraie famille on fait des activités ensemble comme par exemple : aller se balader dehors ou faire des jeux de société.

Les jeux vidéo permettent de se détendre, de s’amuser et même de faire des nouvelles rencontres. J’ai moi-même rencontré mon ancien petit copain grâce aux jeux. Mais il faut se fixer des limites dans le temps et dans les dépenses. Je fais d’abord tout ce que je dois faire dans la journée et ensuite je joue. Je joue environ 5h par jour quand j’ai cours. Mais j’arrête dès que je commence à être fatiguée.

Alyson, 15 ans, lycéenne, Brest

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