Notre rôle à nous, les hommes
Ma mère a été victime de harcèlement sexuel quand elle est arrivée en France. Elle avait postulé pour un travail, et comme elle n’a pas de papiers français, le monsieur lui a dit des trucs sales. Il a dit que si elle voulait travailler, elle devait lui faire des trucs sexuels. Quand j’ai entendu ma mère raconter ça, ça m’a fait mal. Je trouve ça dommage qu’aujourd’hui encore, les femmes soient confrontées à ce genre de comportements sexistes.
Elle a été confronté à ça, d’abord parce que c’est une femme, mais aussi parce qu’elle n’a pas de papiers, donc ça l’a rendu plus vulnérable. Les femmes étrangères sont encore plus prises pour cible, surtout si elles sont noires. Ma mère savait qu’elle ne serait pas prise au sérieux si elle portait plainte, donc elle ne l’a pas fait.
C’est ça qui m’a motivé à vouloir changer le comportement des autres hommes, car je trouve ça injuste et dégueulasse que certains pensent qu’ils peuvent se comporter de cette façon avec les femmes.
Tout n’est pas permis
Je suis quotidiennement témoin des inégalités que subissent les femmes. J’ai vu au lycée que certains garçons pensent qu’il sont supérieurs aux filles. Par exemple, quand ils draguent des filles et qu’elles refusent leurs avances, ils se mettent à les insulter et à les rabaisser.
Quand je vois ça, j’ai de la peine. Je les confronte à chaque fois, je leur dis que ce n’est pas bien ce qu’ils font. Eux, j’ai l’impression qu’ils s’en foutent de ce que je dis. Je pense que les femmes devraient se sentir à l’aise au lycée, sur leur lieu de travail, et que les hommes comprennent que tout n’est pas permis.
Sensibiliser mon entourage
Personnellement, j’ai toujours eu de bons rapports avec les filles. Je ne me suis jamais senti plus important qu’elles. Par exemple, je vis avec ma mère, mon petit frère et mon beau-père, et les tâches ménagères de la maison, on les répartit en trois à part égale. Ça ne me dérange pas d’aider ma mère car elle travaille beaucoup et je veux la soulager. C’est normal que tout le monde participe.
Du coup, moi, en tant qu’homme vivant dans cette société pleines d’inégalités, j’ai décidé d’en faire mon combat et de sensibiliser mon entourage à rejoindre la cause. J’en parle autour de moi avec mes amis. Et s’ils disent des trucs sexistes, je les reprends tout de suite.
« L’homme est supérieur à la femme »
Sur les réseaux sociaux, j’interviens aussi quand je vois des injustices. J’utilise TikTok et Instagram et, souvent, je réponds aux commentaires sexistes et misogynes. Par exemple, sur TikTok, il y a une trend où, lorsqu’une femme poste une vidéo, il y a des commentaires du genre « women » pour dire qu’elle n’a pas réussi à faire ou à comprendre quelque chose parce que c’est une femme.
Je réponds souvent en commentaire : « Tu te rends compte que les choses que tu dis sont sexistes ? » Et l’autre répond : « C’est juste la vérité, les femmes ne sont pas faites pour ça. » Certains postent aussi des commentaires comme : « L’homme est supérieur à la femme car il doit toujours aller chercher de l’argent et la femme elle reste à la maison pour s’occuper du ménage et des enfants. » Je trouve qu’ils disent n’importe quoi. Et c’est faux : plein de femmes travaillent, comme ma mère par exemple.
Éduquer mon petit frère
Je ne réponds pas à tous les commentaires, parce que c’est une perte de temps avec certains. Mais je ne peux pas leur en vouloir. Le patriarcat anime notre société depuis des siècles. Ce que je cherche à leur faire comprendre, c’est que la place de la femme n’est pas forcément à la maison.
Pour moi, le rôle des hommes est de soutenir les femmes dans leurs combats. On doit comprendre l’importance de l’égalité femme/homme dans notre société et mettre fin aux stéréotypes de genre.
Ça peut changer si chacun se donne les moyens de combattre les inégalités. Par exemple, on peut aider sa mère dans le ménage, arrêter de dire qu’une femme doit faire ceci ou cela. On peut aussi – moi, je le fais – apprendre l’importance de l’égalité à son petit frère, lui dire qu’il n’est pas supérieur. C’est-à-dire, éduquer les garçons le plus tôt possible quoi.
Vianney, 17 ans, lycéen, Paris