Le passage à l’âge adulte me fait peur
Quand j’étais petite, je rêvais d’avoir une grande maison, un prince charmant, un bébé chat, un gros chien et un petit lapin. Et d’avoir des enfants aussi. Mon métier de rêve, c’était de devenir infirmière. Que des trucs que je pensais cool jusqu’à ce que je grandisse et que je comprenne que toutes ces choses – la maison, les gosses et le boulot – étaient des trucs d’adulte. Et moi, les trucs de grands, ça me fout la trouille. Au fond de moi, j’ai toujours eu cette peur de grandir.
Ça a empiré quand j’ai perdu ma grand-mère le 11 novembre 2020, en particulier lorsque j’ai vu sans le vouloir son corps sur la table froide. Avec le Covid, j’ai encore plus l’impression que plus rien n’a de sens. Je ne sais pas pourquoi, j’ai peur de perdre mes proches. J’ai peur de mourir aussi. C’est presque une phobie. Je ressens au quotidien un immense stress.
L’angoisse du brevet
En 2021, je tombe en dépression. Ça dure quasiment un an. Pendant cette période, j’ai des idées noires, je ne vais plus à l’école, je ne sors plus, je n’ai plus aucune vie sociale et je perds beaucoup de poids. Encore aujourd’hui, je n’ai pas envie d’aller en cours, mais ma mère m’y oblige, tout comme le collège. Alors je m’y rends à contrecœur.
En ce moment, mon angoisse ne cesse de grandir à l’approche du brevet. Ce sera mon premier vrai « examen » et je ne sais pas comment ça va se passer. Ça me stresse de me dire que dans quelques mois, je dois quitter le collège pour le lycée. Changer d’établissement, devoir choisir une orientation, changer mes habitudes, ma routine. Tout recommencer à zéro. Rien que d’y penser, j’ai une boule au ventre. Pour l’instant, les révisions du brevet, c’est un peu compliqué. J’essaye au maximum de rester concentrée et de suivre mais ça n’est pas gagné vu que j’ai loupé plus de la moitié de ma quatrième.
Les hommes me font peur
Je suis le genre de personne qui stresse pour tout. J’envisage toujours le pire, et c’est vraiment agaçant dans la vie de tous les jours. Surtout, j’ai toujours peur qu’il m’arrive un truc quand je sors. Malheureusement, il m’arrive souvent des choses dans ces moments.
L’été dernier, un soir aux alentours de 23 h, j’ai failli me faire kidnapper. Une camionnette blanche me suivait depuis plusieurs mètres. Lorsque je m’en suis rendue compte, j’ai tapé une pointe. Le conducteur, un homme, m’a vue partir en courant, il est sorti de son véhicule et m’a coursée. J’ai interpelé une personne à un arrêt de bus, je lui ai dit que je me sentais en danger, il a accepté de me raccompagner chez moi.
Depuis, j’angoisse beaucoup plus que d’habitude. J’ai peur des hommes. Je stresse quand des voitures et des camions s’approchent vers moi. De manière générale, il y a souvent des garçons beaucoup plus âgés que moi qui essayent de me parler dans la rue, d’avoir mon Snap et même qui me demandent de monter avec eux dans leur voiture. Ça arrive très régulièrement.
À cause de tout ça, j’ai peur de sortir le soir, de m’habiller comme je veux, de faire tout ce que des adolescents sont censés faire à leur âge. Même quand je suis avec des copines, je suis tellement stressée que je finis par leur transmettre mes angoisses ! À mes côtés, je peux compter sur mes amis et ma famille qui me soutiennent. Un jour, peut-être, je me sentirais bien de sortir toute seule. Et je n’aurais plus toutes ces angoisses.
Clara, 14 ans, collégienne, Lens