Niko D. 10/07/2023

Petit à petit, je me reconstruis

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Après des années de harcèlement, Niko avait perdu toute confiance en lui. Entouré de sa famille et d’amis, il entrevoit enfin le début d’une guérison.

Je comprends dès les premiers jours au collège que l’ambiance n’est pas la même, et que tout va être très différent. Les élèves ne sont pas les mêmes, ils sont plus âgés, et n’ont pas la même mentalité. Ils ne sont clairement pas des bisounours. Le CM2 me manque déjà.

Lors de ces années collège, je suis petit et assez gros, et vu que je suis devenu très calme (fini les bagarres, je me suis assagi), les autres élèves ne manquent pas l’occasion de me faire des remarques à ce sujet. Au début, je garde tout pour moi car je ne veux pas passer pour un faible, mais petit à petit je me renferme sur moi-même.

Cible des harceleurs

Tous les jours, la même violence, c’est trop. À force d’entendre que je suis gros et inutile, que ce soit de la part des autres élèves ou des personnes de ma famille, je commence par me le répéter moi-même et à le croire. Lorsque le harcèlement devient trop pesant, je décide d’en parler à la CPE. J’ai besoin de son aide. Je me dis que ça va arrêter, mais en réalité, ça ne change rien. Rien n’est fait pour stopper le harcèlement. Ça devient de pire en pire. Malheureusement, avec le système scolaire, je ne peux pas me défendre car si je le fais c’est moi qui vais prendre. Je suis donc bloqué dans ce cercle vicieux.

Mentalement, je suis au plus bas, je ne veux plus aller à l’école, plus aucune motivation ou de confiance en moi, je n’avance plus. Je ne mets personne au courant, même pas ma famille. Je cache tout. Comme ils ne sont pas au courant, ils font tout pour que j’aille à l’école mais ils ne cherchent pas à comprendre ce qui ne va pas. Ce cauchemar dure deux ans. Deux années à subir en silence. Avec l’accord de mes parents, je change de collège. Mais le combat contre moi-même ne fait que commencer.

Un combat contre moi-même

Ce combat a pour nom la dépression. C’est une lutte quotidienne : je dois réussir à me motiver, à bouger, à parler. Je n’y arrive pas toujours. J’ai parfois des pensées sombres. Je me mutile de temps à autre. Je pense au suicide, mais je ne veux pas abandonner donc je continue d’essayer à sortir la tête de l’eau.

Après deux autres longues années, je me rends compte que j’ai besoin d’aide. J’en discute avec mes parents, qui m’emmènent voir un psy. Ce dernier me diagnostique dépressif. Je passe sous traitement. Il m’aide à avancer, ça me soulage aussi de parler même si c’est compliqué, mais j’y arrive tout doucement ! Le traitement à base d’antidépresseurs m’aide aussi à trouver la force de me bouger. C’est le coup de booste qui me manquait.

Le début de la guérison

Entre la thérapie que j’entame et le traitement que je prends, les relations avec mes parents commencent elles-aussi à évoluer positivement. Ils essayent de me comprendre et de m’accompagner. Au départ, ils ont très peur par rapport au traitement car ma grand-mère était devenue accro, mais ils finissent par l’accepter.

Je tente aussi de nouvelles choses comme la salle de sport, c’est une des choses qui me motive le plus car ça m’aide à aller mieux mentalement comme physiquement. On me soutient totalement pour ça, que ce soit ma famille ou mes amis. Je vais même à la salle avec ma sœur ! Les jeux vidéo aussi m’aident à rencontrer des personnes, que j’apprécie énormément. Je prends conscience au travers des jeux qu’il faut beaucoup d’entraînement pour réussir à obtenir ce que l’on veut. Moi, je veux aller mieux.

Avec ma famille, ça va de mieux en mieux. Parfois, c’est compliqué mais je me dis que c’est normal, on s’aide, on se motive et le plus important, on s’aime. Je sais que c’est difficile aussi pour mes proches de voir leur enfant comme ça. Mes parents font du mieux qu’ils peuvent.

Aujourd’hui, j’ai trouvé mon style vestimentaire. J’arrive un peu plus à parler aux gens et à faire ce que je dois faire. Je suis toujours dans ce fameux combat intérieur mais je continue de me battre. Niveau mental, même si je suis loin d’atteindre ce que je veux, je constate que je vais mieux.

Niko, 18 ans, volontaire en service civique, Lille

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