Paul K. 11/01/2021

Pompier : plus qu’un métier, un mode de vie

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Depuis que Paul a intégré les jeunes sapeurs pompiers, il est devenu travailleur et rigoureux. Il a forgé sa mentalité grâce à cette expérience.

J’ai découvert les JSP grâce à un pote qui en faisait déjà partie et j’y suis rentré un an après lui. Du coup c’était mon supérieur hiérarchique même si on était dans la même classe ! Il m’avait dit que même si les instructeurs étaient durs, on s’y habitue vite et qu’une fois le masque tombé ils étaient (presque) tous sympas. L’uniforme fait un peu peur et j’ai souvent stressé d’avoir oublié un truc, et donc de me faire réprimander pendant le rassemblement.

Les jeunes sapeurs pompiers est une organisation visant à faire découvrir et à former des jeunes au métier de sapeur pompier pendant 4 ans. Lors des premières semaines, après la séance de découverte et l’examen d’admission composé de simples tests physiques, les instructeurs inculquent aux recrues devenues JSP1 les bases comme les grades, les diamètres et longueur des tuyaux, les types de lance les plus fréquents ainsi que les valeurs et la devise des JSP.

Les premières semaines et la séance d’essai sont spécialement ardues pour que les recrues connaissent le rythme endiablé dès mercredi après-midi pour leurs quatre prochaines années et la difficulté physique et mentale. Évidemment je trouvais ça dur, mais grâce au soutien des anciens, des instructeurs et de nos camarades on arrive à se motiver et à s’entraîner sans relâche.

Pas 5 minutes sans rien faire

Chaque mercredi après-midi, les JSP se retrouvent à la caserne en uniforme à 13 heures pile. La rigueur est de mise et chaque retard est pénalisé par des pompes. Les pompiers c’est solidaire, alors c’est toute la section qui pompe. À cause ou grâce à ces « punitions », il n’y a pas beaucoup de retard.

On commence direct par du sport pour se mettre dans le bain. Généralement de la course à pied rythmée par quelques arrêts pour faire des pompes. Parfois on prend du matériel et on part courir avec. Quand ce n’est pas de la course à pied, on se retrouve dans le gymnase pour du fractionné, du renforcement musculaire ou des circuits cardio. Après nos séances bien chargées, on refait quelques pompes et tractions avant d’aller prendre une douche toujours à un rythme militaire. Personnellement, j’adore cette cadence accélérée où il ne se passe pas 5 minutes sans avoir quelque chose à faire.

Quand on est JSP, on ne va pas sur le terrain, mais on fait des mises en situation. Une ou plusieurs personnes font les victimes, une équipe va les secourir, et le reste des JSP regardent pour juger si c’est bien ou mal fait. On utilise les mêmes équipements que les pompiers donc ça met vraiment en condition.

Une fois, on a fait un faux sauvetage avec une personne qui était tombée dans un trou, c’était vraiment une expérience forte et marquante. On s’est mis au-dessus d’un toit, comme on n’avait pas vraiment de trou, et on est descendu en rappel avec un baudrier, soutenus par mes camarades JSP. Même si c’était un exercice, c’était quand même stressant. J’ai compris qu’il faut vraiment faire confiance à ses coéquipiers.

JSP c’est du physique et du mental

16 heures. Après tous ces efforts viennent la théorie et la pratique. La théorie se passe sous forme de cours où l’on apprend les noms des équipements, des véhicules, des cellules et des kits ainsi que leurs contenus. Même si j’aime bien la théorie, la pratique c’est toujours plus cool.

Au bout de 6 ou 7 mois de formation, on participe à un concours de manœuvre régional composé d’une épreuve écrite, d’une épreuve de sauvetage et d’une épreuve d’incendie. C’est une compétition entre casernes d’un même département. Tous les JSP se réunissent, peu importe le niveau. La journée se termine avec une remise des récompenses pour le podium des trois épreuves ainsi qu’un podium général.

La préparation pour ces épreuves est dure, il faut apprendre les actions à réaliser de chaque rôle, car ils sont déterminés au dernier moment par tirage au sort. Il y a 8 rôles en tout, chacun différent l’un de l’autre : 3 secouristes avec des actions différentes.

L’épreuve d’incendie est de loin la plus physique et mentale car il ne faut oublier aucune action tout en allant le plus vite possible pour faire le meilleur temps. C’est une simulation d’incendie chronométrée avec deux cibles à abattre. Il faut, sous les ordres du « chef de détachement » joué par un JSP, mettre en place une division après avoir déroulé un tuyau sur une vingtaine de mètres, puis dérouler 3 tuyaux afin d’alimenter la lance pour enfin abattre la cible.

Sauver des vies me motive à me surpasser

En dehors de tout le savoir relié aux sapeurs pompiers et de l’entraînement physique hebdomadaire, les JSP forgent chez les jeunes un esprit de cohésion et d’altruisme ainsi qu’une forte notion de partage. C’est le fait de penser qu’à la fin de notre formation on pourra sauver des vies qui nous motive à nous surpasser, même quand on est fatigué.

Forcément, se retrouver dans une caserne après les cours pour apprendre d’autres cours au lieu de pouvoir aller se reposer ou sortir avec ses potes ça en décourage certains. Et d’autres sont découragés par la demande physique. Mais cette expérience est extrêmement enrichissante autant personnellement que professionnellement. Ça m’a apporté une rigueur de travail et une exigence plus poussée dans tout ce que je fais au quotidien, avant j’étais un peu flemmard et je traînais toujours quand ce que je faisais ne m’intéressait pas mais  aux JSP on fait avec le sourire peu importe si on apprécie ou pas et j’ai gardé cette mentalité même en dehors.

Là, j’ai envoyé ma candidature pour être sapeur pompier volontaire. Je n’ai pas encore de réponse mais mes anciens instructeurs m’ont dit que normalement je devrais être pris.

Pour l’instant je fais mes études, pour avoir un niveau bac +2 et entrer dans les pompiers en tant que lieutenant. Et si j’en ai pas marre, je ferais un bac +3 pour passer directement capitaine. Donc, dans l’idéal, d’ici 3-4 ans, je suis officier sapeur pompier professionnel. C’est mon objectif.

 

Paul, 18 ans, étudiant, Melun

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