Éléonore G. 12/01/2023

Ma première compétition sous adrénaline

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À sa première compétition, Éléonore s’est sentie vibrer. Elle s’imaginait déjà la suite : la qualification aux nationales, la filière sport-études… C’était sans compter ses parents.

Je n’avais pas envie de manger alors que je sentais que mon ventre était vide. J’avais froid et je claquais des dents. Le matin de la compétition, j’ai commencé à stresser et à avoir de l’adrénaline.

C’était un peu désagréable, car je me disais que ça pouvait me faire perdre mes moyens. J’avais peur que les juges soient sévères ou de rater mes enchaînements. Mais j’avais quand même hâte d’y être, parce que j’avais bien travaillé mon enchaînement et les filles de mon équipe aussi.

Quand je faisais de la gym, j’étais heureuse. J’en ai fait de mes 6 ans à mes 11 ans, et j’aimais vraiment ça. J’aimais beaucoup les compétitions, parce que je croyais trop que j’allais faire les JO 2024.

Deux mois d’entraînement

En 2018, avec mon équipe, on a participé à une compétition départementale. Avant celle-ci, j’avais déjà participé à quelques autres, mais c’étaient des individuelles et seulement avec les filles de mon club. C’était plus vu comme des compétitions de loisirs. J’étais arrivée deuxième, puis première !

Là, c’était une vraie compétition en vue d’être qualifiées pour pouvoir participer à la suivante, puis pourquoi pas à des régionales. Quand on s’entraînait pour ça, je n’étais pas encore stressée. J’étais juste fière parce que, pour moi, il fallait avoir un certain niveau pour pouvoir y participer. Je me disais que j’avais bien progressé depuis que j’avais commencé la gym. J’avais hâte d’y être.

Les filles de mon équipe et moi on s’était assez bien entraînées, pendant deux mois. On passait plus de temps sur chaque agrès pour perfectionner les figures et les enchaînements. Les entraîneuses étaient plus sévères sur certains points que d’habitude. Par exemple, si l’entraînement durait deux heures, on pouvait en passer une sur un seul agrès, ou bien refaire plusieurs fois une figure sans s’arrêter jusqu’à la faire parfaitement. Pareil pour les enchaînements.

Qualifiées… sans moi ?!

Comme notre équipe commençait par le repos, la pression a commencé à redescendre un peu. Les entraîneuses nous rassuraient pour expliquer ce qu’on devait faire. Il y a quatre agrès : les barres asymétriques, la poutre, le sol et le saut. Sur les barres et la poutre, il fallait effectuer un enchaînement de mouvements. Au sol, c’était aussi un enchaînement de mouvements, mais avec de la musique. Au saut, on avait deux passages. Il fallait courir, puis sauter sur le tremplin pour faire une figure sur la table de saut.

J’ai bien réussi mes enchaînements, et les filles de mon équipe aussi. Les enchaînements étaient individuels, mais le classement final était par équipe. Pendant mes passages, l’adrénaline a disparu, car j’étais trop concentrée sur mes mouvements pour stresser. Nous sommes arrivées deuxième, donc nous étions qualifiées pour la suite. J’étais vraiment fière de moi.

Malheureusement, je n’ai pas pu participer à la suite car ma mère ne voulait pas que je rate… l’anniversaire de ma cousine. Je n’étais vraiment pas contente. Pour ma mère, la gym c’était plus un loisir, même si mon niveau commençait à augmenter. Mon rêve, c’était d’aller en sport-études. J’avais quand même pour objectif de pouvoir, au moins, participer à des compétitions nationales.

Baisse de niveau

Ma mère ne m’a pas vraiment prise au sérieux car elle n’avait pas assisté à la compétition où mon niveau était encore bon. Elle et mon père avaient des choses importantes à faire.

Un an après, j’ai participé à une autre compétition, mais dans un autre club parce que j’avais déménagé. Dans ce club-là, mon niveau a baissé car il était moins bien que celui d’avant. Il y avait certaines figures que je savais faire depuis longtemps qu’on était encore en train de travailler. Dans mon ancien club, on s’entraînait déjà à en faire des plus compliquées.

La compétition, ce n’était pas trop ça. Je ne sais pas jusqu’où celle-ci m’aurait permis d’aller, mais je ne pense pas qu’elle était vraiment importante. On aurait plus dit une compétition de loisirs vu la simplicité de mouvements à faire. Notre enchaînement au sol se faisait sans musique et le praticable était séparé en deux pour que deux filles passent en même temps… ce qui ne laissait pas beaucoup de place pour les mouvements.

Quand ma mère m’a vue à cette deuxième compétition, elle s’est dit que ça ne valait pas vraiment la peine, que je n’avais pas un aussi bon niveau que ça.

La gym ou rien

J’ai arrêté la gym la même année car je me suis cassé un truc improbable dans mon pied en faisant du saut. C’est quelque chose que 2 % des gens se cassent donc bon… j’ai porté un plâtre pendant deux mois et j’ai été dispensée de sport pendant sept mois. Et mes parents ne voulaient plus que je continue dans ce club car il était trop cher pour ce que c’était.

En plus de ça, quand je me suis cassé le pied, mon entraîneuse n’a rien fait, à part me dire d’aller faire des grands écarts parce qu’il n’y avait pas besoin de mes pieds. Alors que ça se voyait sur mon visage que je souffrais de ouf. Je ne sais pas pourquoi mon entraîneuse n’a pas pris ma douleur au sérieux…

Quand mes parents m’ont annoncé que je devais arrêter, j’étais triste et en colère. Comme c’est un peu paumé là où j’habite, il n’y a pas d’autre club. Depuis, quand on me demande quel sport je fais et que je réponds « rien », ça m’énerve parce qu’on dirait que je suis une fainéante. J’ai cherché d’autres sports à faire mais aucun ne me plaît. Les compétitions et la gym me manquent. Pour moi, c’est le meilleur des sports.

Quand on a su que les JO 2024 se passeraient en France, j’ai demandé à mes parents si je pouvais aller voir les épreuves de gym. Ils m’avaient dit oui mais, comme ils n’ont pas de mémoire, il faut que je leur rappelle de s’inscrire au tirage au sort ! Sinon, je devrai me contenter de les regarder à la télé… comme d’habitude.

Éléonore, 16 ans, lycéenne, Île-de-France

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