Neela C. 03/05/2022

Ma « non-relation » avec mon père

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Quand les parents de Neela se sont séparés, son père ne s’est plus vraiment intéressé à elle. Elle a longtemps cru que c’était de sa faute.

Je suis là, toute seule dans ma chambre de petite fille. Et je réfléchis en fixant le sticker papillon collé sur mon mur rose. Je réfléchis au fait que mon père ne m’a pratiquement pas adressé la parole de la semaine… Alors que nous vivons dans le même appartement !

Pourquoi mon père ne s’intéresse plus à moi ?

À l’époque, je pensais avoir fait quelque chose de mal. Que c’était pour ça qu’il ne voulait plus me parler. Je ne comprenais pas pourquoi il ne s’intéressait pas à moi. Je me disais: « Qu’est-ce que j’ai fait de mal ? Pourquoi il ne m’accorde pas d’attention ? ». Mais en fait, il ne se préoccupait simplement pas de moi. Ce que j’ai réalisé plus tard…

J’avais seulement 6 ans quand il est parti de la maison. La séparation en elle-même ne m’a pas vraiment perturbée. Mais c’est le fait que mon père ne s’intéresse plus à moi qui m’a fait énormément de peine. Même si aujourd’hui, je me dis que c’est lui le fautif, je ne peux pas m’empêcher de penser que c’est moi le problème…

Depuis toute petite, je me remets tout le temps en question sur ce que je fais. Comment je le fais. Si c’est bien ou pas. Pour qu’enfin il m’accepte. Par exemple, je suis une personne assez froide au premier abord, alors à un moment, je me suis dit que si je paraissais plus sociable, lui en retour il s’intéresserait à moi !

Mais évidemment ça n’a pas marché.

Je ne suis plus triste, juste déçue et en colère

Maintenant que j’ai 15 ans, je vois les choses d’une manière très différente. Je ne suis plus vraiment triste mais plutôt en colère, déçue. Déçue, parce que je me dis qu’on aurait pu s’entendre, si seulement il s’était intéressé ne serait-ce qu’un petit peu à moi. Mais rien.

Quand j’étais petite, les week-ends où j’allais chez lui, il ne m’adressait pas la parole. Juste un petit « Bonjour » le matin, et encore… Je parlais plus à ma belle-mère qu’avec mon propre père. Le jour de mes 12 ans, aucun appel de toute la journée. Ce n’est que le soir à 22h que je reçois un pauvre sms d’une ligne qui dit :
« Coucou, on te souhaite un joyeux anniversaire. Bisous. »

Pour ma sœur, mon père est là

Au fur et à mesure du temps, je perdais confiance en moi, je me disais que je ne méritais pas d’être aimée. Et même maintenant, dans le fond, je pense encore la même chose.

Puis ma petite sœur est arrivée… Le jour de sa naissance, j’étais tellement contente, j’avais hâte de la voir ! Mais au fur et à mesure qu’elle grandissait, je voyais mon père s’occuper d’elle régulièrement. Ce qu’il n’avait jamais fait avec moi.

Par exemple, mon père donne presque chaque soir le bain à ma sœur. Alors que pour moi il ne l’a pratiquement jamais fait… Mais bien sûr je n’en ai jamais parlé avec lui, je me suis juste confiée à ma mère. Et la seule réponse qu’elle m’a donnée a été : « Parle-en à ton père ».

La rancœur, ça sert à rien

Un jour,  j’ai fini par laisser tomber. Et aujourd’hui je ne regrette pas. Parce que j’ai fini par me rendre compte que je ne pouvais pas l’obliger à m’aimer s’il ne le voulait pas. Je pense que c’est même pas volontairement qu’il fait de la préférence. Mais moi je le vois, je le ressens. Il ne s’est jamais occupé de moi comme il s’occupe de ma sœur.

J’essaie malgré tout d’accepter la façon dont les choses se sont passées. Même si j’ai du mal à lui pardonner vraiment. La rancœur, de toute façon, je me dis que ça ne sert à rien.

Neela, 15 ans, lycéenne, Marignane

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