Bastien T. 11/01/2021

Les rixes dans ma cité me donnent envie de le quitter

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Bastien est fatigué d'être le témoin de rixes dans son quartier. Même s'il ne se bat pas, il a peur d'être impliqué sans le vouloir.

Il y a sept mois, une bande rivale de Neuilly-sur-Marne est venue dans le quartier pour attaquer des gens que je connais. J’étais chez moi, c’était la nuit vers 23h-00h, j’étais par la fenêtre et j’ai vu mes amis. Ils étaient une quinzaine armés, tous en train de courir vers la bande rivale. Ils étaient tous en train de se battre. Ils se sont défendus de la bande rivale avec des armes : gazeuse, matraque télescopique, bâton de fer, opinel. Je me sentais très mal, j’avais peur qu’il y ait un mort.

Mes potes sont toujours impliqués dans les rixes. Il y en a beaucoup dans ma cité. Les quartiers ennemis préviennent mon quartier et après ils se bagarrent. Mes amis me racontent leurs rixes. En face je ne leur dit pas, mais dans ma tête c’est des psychopathes. En octobre dernier, il y a un ami à moi qui s’est ramassé un coup de marteau dans la tête de la part du quartier ennemi. Mais il continue encore. Lui il aime trop ça. Il veut rester dans cette violence.

Je ne veux pas mourir

Des fois je leur dit de parler plutôt et qu’il faut arrêter les rixes, mais ils sont bornés. Mes amis me répondent qu’ils font ça pour se défendre du quartier ennemi et que des fois ils n’ont pas envie de répondre par la haine, mais que le quartier ennemi, lui, aime toujours les rixes. J’explique à mes amis que c’est pas bien pour la religion. Dans l’islam, il ne doit pas avoir de rancœur, de méchanceté. Il doit y avoir que la paix et de l’amour.

Et même tout court, ce n’est pas bien la violence ! Franchement de frapper des gens au lieu de polémiquer je trouve ça lâche. Pourquoi répondre par la haine alors qu’on peut répondre par un discours ? Je suis plus intelligent qu’eux parce que je communique au lieu de faire de la violence. Moi je ne veux pas mourir, je n’ai pas envie d’aller à l’hôpital, je n’ai pas envie d’avoir des problèmes avec ma famille, avec des gens…

On n’est à l’abri de rien

J’ai des manières de m’échapper des violences, comme le foot, sortir dehors dans des autres quartiers, donner des rendez-vous à mes amis filles et garçons… Pour ne pas avoir que des discours de violence et de haine, on parle de la vie, on rigole et on passe de bons moments entre amis. Je prends l’air histoire d’oublier les histoires dramatiques et passer à autre chose. Parce que des fois, je suis triste. Triste de voir qu’ils peuvent risquer leur vie en se battant.

Quand je sors j’évite d’aller dans le quartier ennemi, même si j’ai des amis là-bas qui ne sont pas dans des rixes. J’me sens quand même bien dans ma cité parce que je suis pas concerné, mais je veux le quitter. Pour un avenir meilleur, et ne pas plus avoir à voir de violence de mes yeux. J’ai peur parce que même si je ne suis pas dans les embrouilles, on n’est à l’abri de rien. Si je reste je vais toujours me poser des questions, même si je n’ai rien fait. Il peut toujours m’arriver quelque chose.

 

Bastien, 17 ans, lycéen, Bondy

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