Malaurie A. 17/03/2022

Quand une rumeur a failli me tuer

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Les ragots et les médisances, Malaurie en a fait les frais. Harcelée à cause d’une rumeur lancée par son frère, elle s’est retrouvée seule face à ses idées noires.

Je venais à peine d’arriver en cinquième. Mon grand frère de 16 ans a raconté une rumeur sur moi qui a causé des moqueries, du harcèlement. Pour que ça passe, il a fallu entre trois et quatre mois.

La rumeur a fait le tour du collège en quelques jours. Mon frère l’a d’abord partagée à sa classe. Quand je suis arrivée dans la cour, ils se sont précipités vers moi et m’ont demandé si c’était vrai. Je leur ai répondu que non, mais personne ne m’a cru.

La rumeur était qu’il avait couché avec moi et qu’il avait pris une vidéo avec le téléphone de ma mère… Je ne sais pas ce qu’était la vidéo. Elle n’a jamais tourné, je ne sais pas pourquoi ils l’ont cru. Il leur a montré quelque chose, mais quoi ? Je ne sais pas. 

Le soir, je passais mon temps à me mutiler

On me disait plein de choses comme « elle me dégoûte » ou « ahhh c’est des consanguins ». C’était l’horreur. Je voulais en finir pour de bon. Personne ne le savait. Sauf ma meilleure amie qui m’en empêchait quand elle le pouvait. 

Des idées noires me venaient, la plupart du temps la nuit. La journée, au collège, j’avançais la tête baissée pour fuir les regards, les rires moqueurs… Alors, le soir, quand je rentrais chez moi, je m’enfermais dans ma chambre et je passais mon temps à me mutiler et je me sentais de mieux en mieux à chaque coupure. Chacune m’aidait à me sentir mieux. Je le faisais tous les jours. Je ne voulais aucune aide, j’étais bien dans ma solitude.

Je n’en parlais pas à ma mère parce que je ne voulais pas qu’elle sache que ça n’allait pas, et par peur qu’elle ne me croie pas… Et puis, raconter ça à sa mère… ça aurait été compliqué pour elle après. 

Cette rumeur m’avait tuée de l’intérieur

Mais je ne voulais pas m’arrêter. Alors, je me coupais de plus en plus, et de plus en plus fort.Un jour, une ancienne amie à moi a appelé la gendarmerie parce qu’elle a eu peur. Ce jour-là, j’ai compris que cela ne servait à rien. Et on m’avait aidée. Alors, j’ai trouvé la force d’arrêter et je n’ai plus jamais recommencé. 

Mon frère, je le hais pour plusieurs raisons, mais celle-ci me travaille toujours un peu parce que je ne sais pas pourquoi il a fait une telle chose. Je ne lui en ai jamais parlé. J’ai été blessée et dans l’incompréhension. Cette rumeur m’a tuée de l’intérieur.

Malaurie, 16 ans, lycéenne, Montigny-Sur-Loing

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