Maïmouna B. 30/11/2021

Sans titre de séjour pendant deux ans, j’étais bloquée

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Arrivée en France à 22 ans, Maïmouna a dû affronter les obstacles administratifs pour obtenir le statut de réfugié toute seule.

Avant de venir là, j’avais trop de rêves et d’ambitions dans ma tête. Je n’imaginais pas l’adaptation à ma nouvelle vie, et surtout la galère administrative qui allait suivre.

Lorsque je suis arrivée en France à 22 ans, je voulais continuer mes études ou faire une formation. Mais quand je me suis renseignée dessus, on m’a clairement fait comprendre que sans mes papiers, je ne pouvais pas y accéder. Du coup, je me suis dit qu’il fallait d’abord régulariser ma situation et après, seulement, penser à mon avenir professionnel.

Toute seule à gérer les galères administratives

C’est là qu’ont commencé mes démarches administratives. J’ai pris rendez-vous à la préfecture et je suis allée leur expliquer ma situation. J’ai raconté mon histoire personnelle à l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides). S’en est suivi une longue attente de presque une année et quelques mois, avant qu’on ne m’appelle pour une audience. Ils ont malheureusement rejeté ma demande. Pour eux, je n’ai pas été assez claire et précise dans mes réponses. Il fallait que je donne plus de détails et de dates sur ce qu’il s’était passé. Moi je n’étais pas au courant de cela, j’avais les idées un peu floues et du stress. J’étais un peu perdue dans mes explications. Après ce rejet, j’ai perdu tout espoir et toute confiance.

Il fallait que je cherche un avocat qui pourrait me défendre pour ma dernière tentative de démarche de papiers auprès de la CNDA (Cour nationale du droit d’asile). Ils m’ont convoquée au bout de neuf mois. J’avais tellement de pression et de stress. Je me disais que c’était ma dernière chance d’être régularisée et il fallait que je me prépare pour ça. Cette période était un peu compliquée pour moi à cause des traumatismes et des cauchemars que j’avais presque tout le temps. Être là sans personne de ma famille, avoir personne à qui parler, c’était psychologiquement dur. Il m’a fallu consulter un psy pour être suivie médicalement, parce que ça n’allait pas du tout.

Enfin le statut de réfugié

Un jour, j’ai reçu un courrier de la CNDA. Elle me donnait rendez-vous pour une audience. J’étais entre la joie et la peur de ne pas être crue et d’échouer. Je me suis préparée à toutes les éventualités dans ma tête et me suis présentée à 9 heures du matin. S’en est suivi un long discours, et j’ai pris la parole. J’ai commencé à raconter toute mon histoire sans oublier aucun détail. J’ai parlé pendant presque une heure tout en répondant à des questions. À la fin, mon avocate a parlé et on nous a dit d’attendre deux semaines avant la réponse.

Le jour J, mon avocate m’a appelé pour me dire qu’on m’avait accordé le statut de réfugié. J’étais tellement contente que j’ai fondu en larmes. Je n’arrivais pas à y croire. C’était l’un des plus beaux jours de ma vie. Je me suis dit « ENFIN je vais pouvoir faire ce que je veux ! »  Aujourd’hui, je suis inscrite à la mission locale. Je suis suivie par un conseiller pour mon insertion professionnelle, et j’ai réussi à trouver une école de prépa !

Faire ma formation d’aide soignante, travailler, être indépendante financièrement… Ça n’a pas de prix pour moi.

Maïmouna, 24 ans, en formation, Paris

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