Sexisme : je ne veux pas reproduire les stéréotypes de ma famille
« Les hommes d’abord », dit toujours ma mamie quand elle sert à table. J’ai mis longtemps à comprendre cette différence entre les hommes et les femmes. J’avais toujours vu ça. Ça me semblait logique, naturel.
Famille plus stéréotypée que la mienne, tu meurs ! Pendant les repas de famille, mon grand-père et ses fils sont à table, buvant un Ricard et discutant du dernier match de foot de Brest. Les femmes, elles, se lèvent à table pour décortiquer les crevettes des enfants, casser les pinces des araignées, aider ma grand-mère à servir, débarrasser la table. Aucune aide de la part des hommes qui regardent le tour de France à la télévision.
Les estomacs repus, les femmes en compagnie des enfants font la marche digestive, les hommes jouent à la pétanque. Et au retour, les femmes conduisent pour que les hommes puissent s’enivrer. Pareil à la maison : mon père a toujours mis la pression à ma mère pour qu’elle fasse le ménage. Elle en est devenue psychorigide parce qu’il fallait toujours que la maison soit propre pour faire bonne impression.
Le déclic en cours d’EMC
En première ST2S, pendant les cours d’EMC, le prof a projeté des vidéos sur les stéréotypes hommes-femmes et c’est là que je me suis dit : « Tiens, mais ça ressemble à ce que je vis chez moi. » Ça a été une sorte de déclic. Aujourd’hui, ça me saute aux yeux !
Avec mon copain, j’essaie d’éviter de reproduire ce que j’ai vu dans ma famille. Des fois, ça va être moi qui vais rester glander sur le canapé pendant que lui il fait à manger ! Mais ce modèle familial est toujours en moi. Et avec mon ex, je ne pouvais pas m’empêcher de faire le ménage.
Pour moi il est inenvisageable de ne pas travailler car je ne supporterai pas de rester chez moi à m’occuper du foyer. Il est indispensable pour moi de travailler à l’extérieur, pour le côté social et pour l’indépendance financière, car j’y accorde une grande importance. D’ailleurs, ma mère me dit toujours : « Faut pas que tu sois soumise à ton mari. » J’espère que j’arriverai à ne pas être dans les clichés, à ne pas reproduire ce qui s’est passé dans ma famille. Je pense y arriver en faisant attention à plein de détails, par exemple avec mon copain je ne veux pas que ce soit lui qui paye le restaurant à chaque fois.
Charlotte, 19 ans, lycéenne, Brest