La sororité ? Pas dans mon quartier
Aujourd’hui, tout le monde parle de sororité sans cesse. Mais moi je n’en vois pas la couleur. C’est comme si c’était une mode. La solidarité entre femmes, pour moi, ça n’existe pas. En tous cas, pas chez moi.
Dans mon quartier, les filles cherchent tout le temps à prouver quelque chose, à raconter des histoires fausses, pour essayer de se valoriser. Il y a beaucoup de concurrence, de compétition. Toute cette rivalité et cette hypocrisie, je trouve ça dommage.
Avant, les femmes s’entraidaient sûrement beaucoup plus que maintenant. Je sais qu’à l’époque de mes sœurs, qui ont presque la trentaine, elles et leurs copines se soutenaient. Elles n’ont pas connu la jalousie et l’hypocrisie entre elles.
Beaucoup de violence entre nous
Quand j’étais au collège, en cinquième, en quatrième, on ne s’aidait pas du tout entre filles. Certaines me cherchaient tout le temps, on se battait, il y avait beaucoup de violence. Je me suis sentie très seule. Les autres filles ne faisaient rien ou elles rentraient dans le problème, au lieu de me soutenir et d’essayer de faire cesser la violence.
Heureusement, mes parents ont tenté de me protéger. Certains parents ne disent rien, ils font même semblant de ne rien voir. Un jour, j’ai même dû mêler mes frères. Ils sont intervenus, ils m’ont soutenue, et l’histoire s’est arrêtée.
J’ai été trahie
J’ai eu tellement d’histoires avec des filles que ça m’a servi de leçon. Aujourd’hui, je suis en retrait. Je me suis renfermée sur moi-même, je ne raconte plus ma vie à personne. Je n’ai plus de copines, je ne veux plus en avoir. Ça m’a brisée car des personnes que j’aimais m’ont trahie.
Je ne compte que sur les femmes de ma famille, mes sœurs et ma mère, qui ont toujours été là pour moi. Sinon, je n’arrive plus à faire confiance aux femmes. Que ce soit en amitié ou dans d’autres contextes.
Soyons soudées
J’ai déjà rencontré des femmes bienveillantes, gentilles, qui ne veulent pas le malheur d’autrui. Des femmes qui donnent des conseils pour réussir et pas pour rabaisser. Mais c’est trop rare ! Il y a trop de concurrence… J’aimerais qu’on soit soudées, qu’il n’y ait pas de conflits inutiles entre nous.
Je fais plus confiance aux hommes qu’aux femmes. J’espère vraiment que la sororité va arriver jusque dans mon quartier. Je voudrais qu’on ne se dénigre pas entre nous, qu’on ne se rabaisse pas. C’est dommage parce qu’être soudées un peu comme une famille, c’est magnifique. C’est mieux que de la jalousie, on a besoin de s’unir pour obtenir des choses, être gentilles les unes envers les autres.
Sarah, 17 ans, en formation, Marseille