Sortir de la bande
Je me disais : « On ne quitte pas ses amis parce qu’ils fument. » J’avais l’impression que mon envie de quitter ce groupe n’était pas assez justifiable. Mais j’étais gênée quand elles se filmaient les yeux après avoir fumé ou bu pour l’envoyer aux gens.
À ma rentrée de première, une amie et moi avons été intégrées dans un groupe de cinq. On avait sympathisé avec elles au lycée. Plus le temps passait, plus nos mentalités se décalaient. Les discussions n’étaient plus les mêmes, on ne s’intéressait plus aux mêmes choses. Je n’avais plus rien à faire dans ce groupe : je ne buvais pas, je ne fumais pas. J’en avais assez des histoires de garçons à rallonge et je n’aimais pas critiquer les gens.
Le point de bascule
Je me suis de plus en plus éloignée. Je ne voulais plus traîner avec le groupe. Je n’envoyais plus trop de message. On ne se voyait qu’à l’école, et plus le week-end. Le point de bascule, ça a été quand j’ai été agressée. Je ne savais même pas pourquoi.
C’était un vendredi ordinaire, à 17h30, après les cours. Devant mon lycée, des jeunes en conflit avec mes amies sont venus m’agresser. J’ai été étranglée et mise à terre. J’ai reçu des coups de pied en pleine tête. Mais aucune aide de la part de ces soi-disant « amies » qui ne faisaient que regarder et filmer la scène.
Je me suis retrouvée humiliée et blessée pour une situation qui ne me concernait pas. J’ai décidé de dire non à ça. Je ne voulais plus traîner avec des personnes qui me mettaient en danger. Quitte à rester seule.
Seule et harcelée au lycée
J’avais les marques des coups. Ma mère en a informé l’établissement. On m’a fait changer de demi-groupe pour les cours. J’ai essayé de couper les ponts avec ces amies toxiques en les bloquant toutes de mes réseaux. Les choses ne se sont pas arrêtées là. Elles se sont mises à répandre des rumeurs et à se moquer de moi.
Après mon agression, l’une d’entre elles est allée dire que tout était de ma faute, qu’elle n’avait rien à voir avec cette histoire. Comme on était dans la même classe, je devais supporter ça chaque jour. Ces ragots et rumeurs contre moi ont ensuite continué l’été et le début de mon année de terminale. La CPE a été mise au courant des problèmes mais elle m’a encore une fois juste changé de groupe.
Je ne parle plus à personne du lycée. Je suis seule. Aux récréations, je reste devant la salle. J’ai arrêté de manger à la cantine. J’ai commencé à sécher quelques heures de cours. Je sais qu’on parle encore de moi quelques fois mais je ne fais plus attention. Je suis quand même contente de ne plus être dans ce groupe où tout le monde se tire vers le bas.
Mina, 17 ans, lycéenne, Cergy
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