Victoria B. 03/08/2024

Sous pression en club et au lycée

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Depuis son entrée au lycée, Victoria consacre plus de temps aux devoirs et révisions et moins à son sport favori, l'athlétisme. À la pression scolaire s'ajoute désormais celle de son coach, qui lui reproche d'être moins investie.

Depuis petite, j’ai une certaine facilité dans la course. Lorsque je cours, mes jambes s’exercent comme un mécanisme, elles me permettent de traverser le terrain en un laps de temps remarquable. Il y a trois ans, je voulais essayer un nouveau sport, alors l’athlétisme m’a semblé évident. Depuis, mon but reste le même : faire ce que j’aime et décompresser. Cependant, depuis mon arrivée au lycée, ce but commence fortement à être piétiné par le stress et la pression. Le manque de temps et la fatigue conduisent à des séances moins régulières… ce qui, forcément, ne plaît pas aux entraîneurs.

Pour eux, t’es tout de suite vue comme pas sérieuse. Tu perds de la valeur à leurs yeux. Et ça, ils vont te le faire comprendre. Par leur façon de te parler ou d’agir avec toi. Il y a quelques jours, après plusieurs semaines d’absence, j’ai décidé de reprendre mes entraînements. Après l’échauffement, mon coach m’a dit : « Faut me dire si tu viens t’entraîner en ayant un but ou non. » 

La phrase pourrait paraître basique, mais la façon dont il l’a dite ne l’était pas. Dans son intonation, je pouvais comprendre que mon absence ne lui avait pas plu et qu’il attendait de moi une bonne justification. Je lui ai donc expliqué que ces dernières semaines avaient été assez compliquées car j’avais eu énormément d’examens, mais qu’à partir d’aujourd’hui j’allais reprendre les séances régulières.

Pourtant, même après ça, il ne semblait pas totalement convaincu. Je me suis dit qu’il voulait que je consacre moins de temps aux cours et plus aux entraînements. Sauf que ça, ce n’est pas possible. Forcément, le reste de la séance, tu vas te préoccuper de  chaque petit geste que tu fais par peur de te tromper et de décevoir. Seulement, cette inquiétude influencera encore plus tes résultats et pas forcément dans le sens que tu voudrais.

« J’ai perdu l’envie de progresser »

Je suis donc confrontée à la question : loisirs ou devoir ? Si je choisis le loisir, les coachs m’accordent une moins grande importance, donc sans que ce soit vraiment un choix je privilégie les entraînements plus rigoureux pour pouvoir recevoir un entraînement correct.

C’est donc maintenant devenu une routine : trois fois par semaine, dès que mon dernier cours de la journée est terminé, je me dépêche de réaliser l’heure de trajet qu’il me faut pour rentrer chez moi. Je n’ai pas de temps à perdre : à peine rentrée, je ressors direct pour ne pas arriver en retard à l’entraînement.

Celui-ci se résume à des enchaînements d’exercices et à un travail acharné, pendant lequel j’ai le droit à quelques minutes de repos, le temps de boire un coup et d’attacher mes chaussures. À 20 heures, la séance est finie. Je dois maintenant rentrer, manger et encore faire mes devoirs. Je dois faire tout ça dans un temps restreint pour ne pas compromettre mon sommeil et ne pas trop être fatiguée le lendemain en cours. Rapidement, je perds l’envie et le plaisir, remplacés par le devoir et la responsabilité. Les entraînements ne sont plus ce qu’ils étaient, mais je ne dis rien et je m’adapte.

L’attente des entraîneurs et de moi-même, la pression, la peur de décevoir et de ne pas avoir le niveau. Voici à quoi se résument mes entraînements désormais : une pression constante. Souvent, je me demande où est passée cette satisfaction que j’avais à m’entraîner. J’ai perdu l’envie de progresser. Je n’y vois plus rien de plaisant et d’attachant. Ce sport est devenu pour moi une obligation, et ça mes entraîneurs s’en sont bien doutés.

Victoria, 16 ans, lycéenne, Saint-Germain-en-Laye

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