Modibo K. 27/03/2025

Sur le terrain, les âges et les quartiers se mélangent

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Au milieu des barres d'immeubles, le terrain de foot où Modibo joue depuis qu'il est petit. Dorénavant, c'est lui et ses amis qui y dictent la loi : tout le monde peut jouer.

Quand j’avais 14 ans, j’étais un petit sur le terrain. Les grands en prenaient le contrôle. Quand j’arrivais, ils jouaient déjà. Je leur demandais si je pouvais participer, ils me disaient d’attendre qu’ils aient fini. J’attendais. 15 minutes. Parfois 30… Il y a des cages sur les côtés. On aurait pu diviser le terrain en deux pour faire plusieurs matchs en même temps. Mais ils étaient une dizaine et ils prenaient tout le terrain. Parfois, je partais à force d’attendre.

À partir de 16 ans, moi et mes potes on est devenus les grands sur le terrain. Je suis devenu grand, physique. Nous on est une quinzaine. Quand il fait beau, on organise des matchs avec mes potes. Pour ça, on doit être onze par équipe. Quand on commence à jouer et que des petits nous regardent, on leur propose de venir. C’est toujours mieux de jouer que de regarder ! Et comme ça on peut combler les trous quand il n’y a pas beaucoup de monde. On joue avec eux parce qu’on ne veut pas refaire vivre ce qu’on a vécu. 

Le spot après l’école 

C’est le plus grand terrain des environs. Il est plutôt en bon état. Il n’y a pas de trou, la peinture est toujours la même. C’est un synthétique. Autour du terrain, il y a des grands bâtiments. Il y a des dealers. À côté, il y a une aire de jeux pour les petits aussi. Ils viennent avec leurs parents. 

Je traîne souvent dans les quartiers d’Athis-Mons. Moi j’habite dans la ville d’à côté, mais j’y vais pour jouer au foot avec mes potes. Je vais sur ce terrain parce qu’ici je connais plus les gens que par chez moi. 

Petit j’ai fait du foot en club, mais j’ai arrêté à 10-11 ans au moment où je suis rentré au collège. Je ne pouvais plus en faire. Après, j’ai eu la flemme de resigner et donc maintenant je joue comme ça, par plaisir. On est plus libre. Je suis excité quand j’y vais. Soit il y a beaucoup de monde, soit c’est vide et il n’y a personne. C’est quand il n’y a pas cours qu’il y a du monde, donc le mercredi après-midi, le vendredi soir et le samedi. 

Ensemble sur le terrain 

Un jour, trois ou quatre petits sont venus et on les a mis dans une équipe. Ils avaient un bon niveau ! On était en train de jouer et il y avait un petit qui jugeait que notre niveau était trop élevé pour lui. Il a arrêté de jouer et est parti.

Quand on joue entre grands, on n’a pas de poste attribué, et quand on joue avec les petits on attribue les postes parce que… c’est comme ça. Au début, on leur disait « toi tu te mets là », « toi là » pour avoir des repères. En vrai il n’y a pas de poste. On joue pour rire. Quand j’ai l’occasion, je joue tous les jours. Pas en ce moment parce que je finis à 16 heures ma formation. Il fait nuit tôt. C’est à 40 minutes de trajet…

Parfois, il y a des matchs organisés entre quartiers. Par exemple Juvisy contre Évry. Ce sont des matchs organisés entre villes avec des jeunes des différents quartiers. Ça m’arrive d’y participer avec l’équipe de Juvisy quand il y a des gens qui manquent. C’est une bonne ambiance. Les supporters crient. Même si on n’est pas potes, ça ne s’embrouille pas après le match. Parfois ça dérive, quand ça fait des fautes, que certains provoquent. Ça pousse un peu mais rien de méchant. 

Modibo, 19 ans, en formation, Essonne

 

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