Toujours vigilante
Depuis toujours, je sais que l’on n’est pas en sécurité dans la rue quand on est seule. On m’a toujours dit d’y faire attention, de ne pas parler aux inconnus. Toutes ces phrases que les adultes nous répètent à longueur de journée.
Lors d’un week-end avec ma mère, j’avais invité une amie pour passer la journée. Alors que nous rentrions à l’appartement avec ma copine, nous sommes passées devant un salon de coiffure. Elle voulait depuis longtemps se faire une coupe et une couleur, alors nous nous sommes arrêtées pour regarder les tarifs.
Pendant que l’on discute du choix de sa couleur, je regarde dans le miroir sur la façade du salon et j’aperçois un homme nous regarder étrangement dans le reflet. Alors que mon amie continue de me parler, je commence à me sentir mal en voyant qu’il avance de quelques pas vers nous. Je me dépêche de dire à mon amie : « On en discutera plus tard, on repassera demain de toute façon », avant de la prendre par la main et de traverser le plus vite possible vers le trottoir d’en face.
De l’autre côté de la rue, je lui explique pourquoi je l’ai écartée de manière aussi précipitée. On continue à marcher très vite mais après quelques mètres, je me rends compte que l’homme est à notre hauteur, sur le trottoir d’en face. Il nous avait suivies !
« J’ai rarement eu aussi peur »
On continue à marcher le plus vite possible. J’ai besoin de parler à quelqu’un, mais pas à ma mère. J’ai peur de l’inquiéter pour rien. Alors, j’appelle une pote.
Quand l’appel se termine, on s’aperçoit que l’homme est encore là. À une bonne distance de nous certes mais il marche dans notre direction. On continue de presser le pas jusqu’à un square où se trouvent beaucoup d’enfants avec leurs parents. On est seulement à deux minutes de chez moi mais on ne veut pas rentrer. J’ai peur qu’il voie où j’habite. Par chance, quelques minutes plus tard, ma mère revient de la plage et on rentre avec elle.
Cette anecdote est plutôt banale, mais je crois que j’ai rarement eu aussi peur de ma vie. Depuis ce jour, je suis encore plus vigilante dans la rue. Je ne peux pas m’empêcher d’être paranoïaque. Rentrer chez moi tard le soir est devenu de plus en plus effrayant.
Je suis reconnaissante envers mes parents et mon entourage de m’avoir sensibilisée très jeune à ce genre de choses, mais j’ai l’impression que ça m’a rendue encore plus méfiante lorsque je sors de chez moi.
Hanna, 14 ans, collégienne, Paris
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