Emma C. 26/01/2023

Ce fardeau, je le traîne depuis petite

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Emma supporte mal d'être entourée. Elle a développé un trouble de l’anxiété sociale. Pour elle, chaque jour est une épreuve.

Je suis une antisociale, une vraie. Ce n’est pas vraiment un hasard. J’ai développé un trouble de l’anxiété sociale quand j’étais petite, à cause d’un traumatisme vécu enfant. Ma mère s’était mise en couple avec un mec. Au début, tout allait bien mais ensuite, son comportement a changé. Petit à petit, son copain est devenu de plus en plus violent. Un jour, il a jeté ma mère dehors et m’a gardé pendant plus de trois jours. C’était un vrai fardeau pour moi. Il me frappait et m’enfermait. À un moment, j’ai réussi à m’enfuir pour aller chez ma grand-mère. J’ai habité chez elle jusqu’à sa mort. Ensuite, je suis partie vivre chez mon père, puis chez ma mère.

Voilà pourquoi depuis petite, je n’aime pas les gens. Je n’ai jamais eu trop d’amies en maternelle, ni en primaire. Et même au collège, je préfère rester seule. Dès que je suis en classe, ou en groupe, ou que je sens les regards tournés vers moi, je me mets à trembler. Je suis paralysée et je perds complètement mes moyens. Je suis parfois obligée de m’inventer une bulle pour essayer d’oublier ces regards sur moi. J’ai eu des traitements pour surmonter cette angoisse, mais ça n’a jamais rien changé. C’est insupportable. Ça me rend malade. C’est un vrai calvaire, un supplice.

Comportement bizarre

Je n’aime pas sortir en centre-ville, je préfère rester enfermée dans ma chambre avec mon téléphone et ne parler à personne. Je ne suis pas du tout proche de ma famille en général, je ne leur parle pas souvent. Ils veulent que je m’ouvre un peu plus mais je ne les écoute jamais. Je ne suis même pas en colère. Je m’enferme pour rester tranquille. Si les gens veulent devenir amis avec moi, je les repousse tous. Je ne souris pas souvent et préfère rester dans mon coin, seule et ne parler à personne. Ce n’est pas non plus dans mes habitudes de pleurer. Je suis allée voir plusieurs psychologues mais ça n’a rien changé. Je ne les ai jamais écoutés. Et je reste antisociale.

Je ne suis pas comme les autres filles de mon âge. La mode ne m’intéresse pas, je ne cherche pas à me faire belle, je ne porte pas de maquillage, de robe, ni de jupe. Je m’habille en noir, en jogging le plus souvent et je porte des baskets. Je n’ai jamais mis de couleur flashy. Dans mon armoire, tout est noir. Ma mère dit souvent que c’est fade et sans vie, elle me dit souvent que je n’ai pas d’âme, que j’ai un cœur de pierre. Alors, je m’enferme dans ma chambre jusqu’au lendemain matin, et sans un mot, je prends la direction du collège.

Pendant deux ans, j’ai eu des éducateurs car l’école avait appelé des services sociaux pour signaler mon comportement bizarre. Quand ils m’ont annoncé ça, j’ai rigolé et j’ai demandé : « Pour quoi faire ? » Ils n’ont pas réussi à me changer. Aujourd’hui, j’ai 14 ans, je suis toujours la même, et je pense que je resterai encore longtemps comme ça.

Emma, 14 ans, collégienne, Nîmes

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