Chérif B. 28/11/2024

Un jardin au bord du périph’

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De l’aire de jeux aux bancs du City stade, Chérif a grandi au square Séverine. Il retrouve ses potes dans ce parc qu’il connaît par cœur, où tout le monde se croise.

Je sors de chez moi. La rue Pelleport est en travaux depuis un bon moment. Je la prends jusqu’au croisement de l’avenue Gambetta pour me rendre au square Séverine. J’arrive devant le parc de mon enfance. C’est mon parc Clos ! C’est comme ça qu’on l’appelle, je ne sais pas pourquoi.

Comme d’habitude aux jeux, les enfants, mamans et papas sont là. Un brouhaha infernal. Ils guettent leurs enfants en train de courir partout. Il y a aussi un groupe de personnes assises autour des tables de pique-nique. N’importe qui a sa place au parc.

En descendant, je passe devant le street [aire de muscu, nldr] et le City stade, un petit terrain de foot. Il y a des jeunes, soit sur des bancs, soit dans le street jusqu’à pas d’heure.

« Maintenant, je peux enfin souffler »

Je vois mes collègues avec des petits gars. Ils courent après un ballon. J’avance vers l’entrée puis je salue tout le monde du poing, en disant à chaque fois : « Bien ou quoi ? »

Une fois que j’ai salué tout le monde, je vais vers le banc derrière le street. C’est là que je m’assois avec les moins sportifs du groupe. « Ça dit quoi Kamas ? » Il se lève et me prend dans ses bras.

L’entrée du parc a vue sur le périph’. Maintenant, je peux enfin souffler. C’est l’endroit le plus calme du parc, avec peu de passage. Sous le porche, c’est parfois très animé à cause des enceintes que les malheureux utilisent pour passer le temps. À la sortie côté Porte de Bagnolet on les voit, sans toit, sans maison, se mettre minables pour se consoler.

Chérif, 19 ans, en recherche d’emploi, Paris

 

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