Nailin B. 17/10/2022

Un nude, un an de harcèlement

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Nailin faisait confiance à son mec. Jusqu'à ce qu'elle lui envoie une vidéo d'elle nue...

En 2019, j’avais 17 ans, j’étais avec un mec à distance. Il habitait sur Lyon et moi sur Marseille. Je m’étais attachée à lui et je lui faisais confiance. On s’est vus une fois, il est venu à Marseille, on a passé une journée ensemble. On a mangé dans un restaurant, on s’est baladés, on a fait l’amour… On a tout fait ! C’était bien, je n’avais jamais passé une journée comme celle-là. J’étais vraiment amoureuse de lui, j’étais prête à faire tout ce qu’il me disait.

Un jour, il m’a demandé de lui envoyer une vidéo de moi toute nue. Comme j’étais bête, et amoureuse, j’ai fait la vidéo dans ma chambre et je lui ai envoyée. Il m’a répondu qu’il m’aimait. Mais une semaine après, il m’a quittée ! Je ne m’attendais pas à ça, j’étais déçue mais je ne voulais pas rester bloquée là-dessus. Sauf que ce bâtard, après notre rupture, a pris la vidéo et l’a publiée sur les réseaux sociaux, sur Snap, Instagram et sur un groupe WhatsApp avec des amis à moi qu’il avait rencontrés la fois où il était venu à Marseille. Moi, j’étais sortie de ce groupe après la rupture car je ne voulais plus entendre parler de lui. C’est une amie qui m’a prévenue.

J’étais choquée ! J’étais paniquée. Je me suis demandée pourquoi j’avais fait ça, pourquoi je lui avais fait confiance. Je lui ai demandé de supprimer la vidéo, mais il a refusé. Je ne pouvais rien faire. J’étais choquée, je ne le croyais pas capable de faire ça. J’avais vraiment la haine.

Mon grand frère a vu la vidéo

Ensuite, tout le monde s’est mis à parler de la vidéo. J’ai des amis qui ont même vu la vidéo. Une fois, je me suis connectée sur Snapchat et j’ai lu des messages que j’avais reçus. Ils disaient que j’étais « une pute ». J’ai immédiatement quitté les réseaux sociaux, j’ai fermé mes comptes, puis, je me suis renfermée sur moi-même. J’ai arrêté de sortir, je ne suis plus allée à l’école. Tous les jours, je disais à mes parents que j’étais malade. J’étais déprimée, je passais mes journées au lit. J’ai beaucoup pleuré. Je n’en ai parlé à personne, ni à mes parents, ni à mes professeurs, ni à mes amies. J’ai gardé tout ça pour moi. Ça me faisait tellement mal… Je n’avais pas le choix, je n’avais personne à qui me confier. J’avais honte. Je pensais que c’est moi qui avais commis une erreur, qui étais fautive. À ce moment-là, j’avais perdu l’espoir, je n’avais plus confiance en personne.

La vidéo a circulé au bled. Mon grand frère l’a vue sur les réseaux. Il m’a téléphoné pour m’en parler et me dire d’aller voir la police pour qu’ils la suppriment. Il m’a expliqué que c’est le garçon qui était fautif, que c’était grave. J’ai décidé de suivre son conseil. Mon frère est venu pour m’accompagner. Nous sommes allés au commissariat de mon quartier. Je voulais qu’ils fassent disparaître la vidéo. Je ne voulais pas porter plainte, je voulais juste dire aux policiers de saturer la vidéo, de la supprimer.

Quand, je leur ai raconté l’histoire, d’abord ils ne m’ont pas crue : « Il nous faut des preuves. » J’en avais : j’avais quand même des preuves de nos messages, puis de notre rencontre jusqu’à notre rupture, de quand je lui avais demandé de supprimer la vidéo et qu’il m’avait dit « trop tard »… et là, ils m’ont crue.

C’est là que la vidéo a été supprimée

Ils m’ont proposé de déposer plainte. Mais j’ai dit non. Je n’ai pas voulu car j’avais peur que ma mère soit mise au courant. Et aussi, par rapport au garçon, car je n’aime pas faire mal aux gens, je voulais pas qu’on lui fasse du mal, qu’on le blesse comme il l’avait fait avec moi. Ils n’ont pas insisté pour la plainte. Les policiers ont appelé Apple devant moi, ils ont expliqué l’histoire et c’est là que la vidéo a été supprimée.

À ce moment-là, j’ai repris espoir. J’allais beaucoup mieux. Je suis retournée en cours, je suis même retournée sur les réseaux, personne n’a plus parlé de la vidéo. Et, Dieu merci, sauf mon frère, personne de ma famille ne l’a vue. Si, j’ai un conseil à vous donner, mes sœurs, ne faites pas confiance aux hommes qui vous demandent ça.

Nailin, 20 ans, lycéenne, Marseille

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