Vacances de rêve en Algérie
Quand je suis arrivée à Oran, j’ai commencé par faire du shopping. J’ai pris plein de cosmétiques : des parfums, des masques, des lingettes, des déodorants… J’ai pris ce dont j’avais besoin. J’ai acheté des robes traditionnelles pour la maison, des robes pour le ramadan, pour la fête de l’Aïd… En France, on ne trouve pas les mêmes robes dans le même style. Et là, je ne demandais même pas le prix ! Je rentrais dans un magasin, j’achetais. Parce que je savais que je pouvais, avec l’argent de la France.
Au restaurant non plus, je ne regardais pas le prix : je choisissais et je payais. J’ai aussi acheté des cadeaux pour mes amis qui sont en France. Je prends, je paie : c’est ce que je me suis dit pendant tout le voyage.
L’Algérie, c’est le pays où je suis née. En juin 2023, j’y suis allée avec mes parents pour passer les vacances avec nos familles, à Oran. C’était la première fois que j’y retournais depuis mon déménagement en France, il y a six ans.
Je me suis renseignée : on estime que le coût de la vie en Algérie est de 65 % moins élevé qu’en France. Le dinar, qui est la monnaie nationale, est très dévalué par rapport à la monnaie européenne, l’euro. 1 euros équivaut à 146 dinars. Alors avec un budget de 1 000 euros pour une période de plus de trois semaines, j’ai pu passer mes vacances correctement au bled.
Piscine et hôtel de luxe
Début juillet, je suis partie avec ma cousine. C’était des vacances dans les vacances ! Elle m’a proposé d’aller à l’hôtel une semaine avec elle, parce qu’elle avait des trucs à faire à Alger. C’était la première fois que j’allais dans un hôtel en Algérie ! Quand je l’ai vu de l’extérieur, j’étais vraiment surprise, ça se voyait que c’était du luxe. Il y avait une piscine. Je ne pensais même pas que des hôtels en Algérie avaient des piscines !
Alger, c’est la capitale, tout coûte vraiment plus cher que dans le reste du pays : les courses, les taxis, les vêtements… Et, pourtant, pour séjourner à deux dans un hôtel 3 étoiles, en pension complète (deux repas par jour), je n’ai dépensé que 67 euros le premier jour. Les jours d’après, c’est ma cousine qui a payé.
Après l’hôtel, je ne voulais pas rentrer chez moi, à Oran. On est allées à Béjaïa (et ses villages situés en hauteur), là où ma cousine habite. J’ai pu louer une voiture sans grande difficulté : le litre d’essence était à 0,30 euros alors qu’en France, il est de 2 euros, voire plus dans certaines villes ! Les habitants de Béjaïa étaient très accueillants et exprimaient une certaine jovialité. Il y faisait bon vivre, on y respirait de l’air frais et pur, contrairement à l’air pollué de nos villes en France. C’est la première fois que j’y allais. Ils vivent à l’ancienne. Là-bas, tu ne vas pas au magasin, tu vas chercher de l’eau. C’était encore mieux qu’à Alger.
On mangeait presque tous les jours dehors, des plats traditionnels, parfois dans des restaurants chics et parfois juste dans des restaus moins chers. Un repas dans un restaurant de gamme moyenne était de 1 000 dinars, c’est-à-dire 7 euros.
En France, la dépression
Après Béjaïa, je suis retournée seule à Oran, pour retrouver mes parents et repartir en France. Quand je suis rentrée en France, j’étais en dépression. Tout le mois d’août. Je n’avais pas envie de commencer ma formation, de voir les gens, de prendre les transports, d’aller à la mission locale pour voir ma conseillère….
En France, tout est différent : l’argent, l’ambiance… Et puis, en Algérie, t’as toute la famille. Je peux aller chez mon grand-père facilement, on habite juste à côté ou juste en face les uns des autres. Ici, quand tu sors, tu dois faire attention aux contrôleurs, à l’argent, et quand je sors avec mes amis, aller manger, il faut que je compte chaque centime. En Algérie, quand on prend le bus, ça coûte 20 centimes. Et si tu n’as pas d’argent, ton cousin ou ton ami va payer à ta place, ce n’est pas un problème. On partage plus. Mais je préfère vivre en France, et passer une grande partie de mes vacances en Algérie. Mes vacances en 2023, c’était mieux que ma vie avant 2017.
Lydia, 24 ans, volontaire en service civique, Paris
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