Vêtements grandes tailles, choix restreint
Depuis toute petite, je n’ai pas accès aux vêtements que je souhaite. Je suis en surpoids depuis très jeune et, déjà à l’époque, trouver des vêtements à ma taille était compliqué. Vers 10 ans, je devais limite en acheter pour adultes et, même là, j’étais limitée car ils s’arrêtaient au 44-46 en magasin.
Vers l’âge de 13 ans, j’ai commencé à acheter en ligne sur La Redoute parce que cette marque a une gamme grandes tailles. Le problème, c’est que ça faisait très vieux. Surtout pour une adolescente encore au collège qui voulait juste mettre des jolies tenues comme les autres filles.
C’est vers mes 15 ans que j’ai enfin trouvé des magasins où je pouvais acheter des vêtements à ma taille et à la mode : Asos, Forever 21, New Look et H&M. Et encore, je ne pouvais pas acheter les mêmes choses que mes autres amies. C’était juste moins « mamie » que La Redoute. Et puis les prix d’Asos, seul site qui avait toujours des vêtements qui me plaisaient, étaient trop élevés pour ma mère.
Des vêtements qui font « très vieux »
Aujourd’hui, les gammes grandes tailles de marques basiques sont presque toutes uniquement en ligne. Le peu d’enseignes qui ont des tailles plus grandes que le reste ne les mettent pas dans leurs magasins. Soi-disant parce que ça ne se vend pas. Les produits pourraient se vendre si seulement ils ne faisaient pas très vieux !
Pour nous, c’est toujours le même style vieillot au design dépassé. Des manches avec des trous aux épaules, des couleurs très vives, des motifs affreux, des écritures ridicules. Les coupes sont toujours amples et cachent le corps. Comme si, sous prétexte qu’on est gros, on doit se cacher sous un sac.
Et puis, en ligne, quand ça ne va pas, il faut tout renvoyer. Si l’on ne connaît pas la marque, il faut s’y prendre à plusieurs fois pour trouver la bonne taille. Les mensurations exactes des produits sont souvent introuvables. C’est aussi possible que l’on n’aime pas la coupe, la longueur ou la couleur. Les couleurs ne sont souvent pas les mêmes en ligne qu’en réalité.
Fast-fashion ou rien
Le style de vêtements que j’adore c’est le romantique, avec beaucoup de couleurs pastels, du rose très clair, très girly. C’est pratiquement impossible à trouver en France, mais très présent dans des enseignes aux États-Unis. Quand j’achète ces marques américaines, il y a des frais de douane et de port, y compris pour le renvoi des pièces qui ne vont pas.
Le seul site où je trouve les vêtements que j’aime c’est Shein. Mais c’est de l’ultra fast fashion. Deux problèmes se posent. L’impact écologique et les conditions de travail de leurs employés, et la qualité des produits. Les matières, les coupes et les finitions sont mauvaises. Les vêtements sont souvent très fins et tombent mal sur le corps. Les matières sont souvent faites à base de plastique comme le polyester. Avec mon poids et les médicaments que je prends, je ne supporte pas la chaleur, et ces matières favorisent la transpiration.
Les personnes qui harcèlent en ligne en disant que c’est très mal d’acheter Shein ne se rendent pas compte qu’on peut ne pas avoir le choix. Soit parce que sa taille n’est pas proposée ailleurs, comme c’est mon cas, soit parce que mettre 100 euros dans un t-shirt n’est pas possible pour tout le monde. On m’a souvent dit d’acheter plutôt en friperie. Mais si on réfléchit deux minutes, si je ne trouve pas ma taille dans les commerces, comment pourrai-je la trouver ensuite dans ceux de seconde main ?
Estelle, 26 ans, en formation, Saint-Michel-sur-Orge
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