Xavier O. 28/08/2023

Vivre avec ma procrastination

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Longtemps, Xavier a attendu le dernier moment pour faire ce qu'il avait à faire. Il essaie aujourd'hui de s'organiser autrement.

C’est au moment du bac que je commence réellement à procrastiner. À cette époque, j’ai quelques problèmes familiaux. Je suis confronté à plusieurs décès dans mon entourage. Difficile de réviser dans ces conditions. Et je n’ai pas le sentiment d’être suffisamment soutenu par mes proches. Grâce à mes facilités à l’école, j’obtiens tout de même mon diplôme haut la main.

Dans l’esprit des gens, procrastination est synonyme de paresse ou de désinvolture. Mais c’est bien plus complexe que cela. Dans mon cas, je me mets sur mes devoirs au dernier moment parce que travailler dans l’urgence, ça me motive. Si je suis capable de faire une tâche en une journée, pourquoi est-ce que je devrais passer une semaine dessus ? Procrastiner, c’est aussi une manière de me surpasser, de me mettre en compétition avec moi-même. C’est cet esprit qui me permet de rendre un bon travail réalisé dans un temps très court. Ce qui ne m’empêche pas d’avoir conscience de parfois trop me reposer sur mes acquis.

L’autre raison qui me pousse à procrastiner, c’est le stress. Beaucoup de personnes préfèrent remettre une tâche à plus tard en espérant qu’elles arriveront à mieux gérer le stress la fois suivante. La procrastination, c’est à la fois une habitude prise et un enfer à vivre, où on peut passer des nuits blanches à travailler.

J’ai perdu 15 kilos

Pendant ma deuxième année de licence, les choses se sont compliquées. La pandémie de Covid-19 frappe le monde. Les cours en distanciel, ma relation compliquée avec ma famille et les craintes liées à ce virus, ça crée un mélange nocif. Je passe plus d’un an dans ma chambre, allongé dans mon lit avec mon ordinateur, à attendre les visios et à recevoir les cours en PDF. Un contexte qui est venu se greffer à ma procrastination. Cette dernière m’a beaucoup handicapé car pour apprendre un cours, j’ai besoin d’y assister en vrai et pas à travers un écran.

Mes notes ont chuté de manière significative à ce moment-là mais elles ne sont pas les seules à avoir pris un coup. Ma santé, tant mentale que physique, s’est également dégradée. Je dépéris à vue d’œil. J’ai parfois du mal à aligner plus de trois mots et je m’isole.

À la fin de ma troisième année de licence, j’ai perdu 15 kilos. La situation devenait trop critique. Mon refuge a été le travail : j’ai décidé de tout donner en bossant, en révisant, en produisant le meilleur travail possible lors des derniers examens afin de valider mon année et donc d’obtenir ma licence, sans passer par la case rattrapages.

J’ai surmonté ma procrastination

Ma licence en poche, je décide de m’accorder une année hors des études afin de me ressourcer, de pouvoir retrouver un équilibre.

Prendre conscience de ma procrastination a été une étape importante pour y faire face. Maintenant, je m’impose des contraintes, des dates butoirs, je participe à des évènements les jours qui précèdent les examens pour m’obliger à travailler, à anticiper, ce qui me permet parfois de m’enlever une épine du pied.

Aujourd’hui, ma procrastination a tendance à reculer. J’arrive à être pleinement concentré sur mon travail lorsque je commence. Je suis de nouveau capable d’enchaîner plusieurs heures à la suite, sans faire de longues pauses de plusieurs heures. C’est d’ailleurs un enjeu majeur pour l’enseignant que je veux être. Avoir un environnement de travail, loin de chez moi, ça me permet de me concentrer pleinement sur ce que je dois réaliser. La clé pour un procrastinateur est peut-être là : créer une différenciation totale entre un environnement de travail et un environnement privé.

Xavier, 22 ans, étudiant, Roubaix

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