Lucille P. 11/01/2021

Vivre seule à 17 ans, tellement de liberté !

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Prendre son indépendance à 17 ans, gérer un budget, des fuites, ses courses, ça s’apprend ! Maintenant que Lucille est adulte, et ne se voit pas revenir en arrière.

Vivre seule, c’est le pied ! Je peux chanter, danser, crier, manger ce que je veux quand je le veux, rester éveillée jusqu’à pas d’heure et pourtant faire toujours autant de bruit, sans que personne vienne me dire d’arrêter. Les voisins ont de la chance que les murs soient bien insonorisés !

J’ai quitté la maison de mes parents à 17 ans, quand le premier confinement a pris fin. J’habitais en campagne et, du coup, la scolarité n’allait que de la maternelle au lycée. J’étais d’abord en colocation avec trois garçons à La Roche-sur-Yon. Ils étaient tous très sympas, il y en a même un qui m’a prêté son compte Netflix ! Pourtant, j’ai arrêté fin octobre. Je n’y suis donc restée que deux mois, car les études que je faisais, un BTSA Productions animales, ne me plaisaient pas. Je suis partie à Bordeaux un mois plus tard, le premier décembre, pour y faire un service civique.

18 m2, pas besoin de plus

Je gagne de l’argent, cette fois-ci c’est moi qui paie mon loyer et pas mes parents. J’habite seule dans une résidence étudiante dans un appartement de 18 mètres carrés. Les seules règles dues au Covid, c’est de porter le masque dans les endroits collectifs, du genre les couloirs ou l’ascenseur. En plus, personne ne vérifie si c’est respecté, donc on fait un peu comme on a envie. Au début, je pensais que j’allais m’y sentir à l’étroit, mais finalement, je n’ai pas besoin de plus.

Le loyer est de 480 euros. C’est cher, mais je n’ai pas le choix. Je gagne 600 euros de service civique et j’ai une bourse de 200 euros, ce qui fait que j’ai 320 euros pour le mois. C’est largement suffisant. Avant de venir vivre ici, je pensais que c’était normal de vivre seule aux alentours de 18 ans, mais je me suis rendu compte que ce n’était pas si courant que ça dans les grandes villes. Et en y réfléchissant ça paraît logique, puisque tout est à proximité.

Attendez… Vous voulez pas des feuilles pour écrire ?

Des résidents viennent toquer chez moi pour me demander si j’ai ceci ou cela pour les dépanner. C’est vraiment enrichissant de discuter avec eux. Un jour, deux types d’une vingtaine d’années sont venus pour me demander des feuilles. Je leur ai dit que j’en avais, et j’ai commencé à fouiller dans un de mes nombreux sacs. Au bout d’un moment, me rendant compte que je n’avais pas de grandes feuilles, je leur ai demandé si une petite leur allait. Ils se sont regardés mutuellement, n’ayant pas vraiment l’air de comprendre.

Le plus grand m’a alors dit : « Ah ? T’appelles ça des petites feuilles ? Moi je dis des slims ! » Je suis restée interloquée pendant quelques secondes, puis, comprenant enfin, je leur ai demandé, gênée : « Attendez… Vous voulez pas des feuilles pour écrire ? » Nous rendant compte de l’énorme quiproquo, on s’est tous les trois mis à rire et à faire des blagues sur des gars qui fumeraient des feuilles à carreaux. En partant, ils m’ont dit : « Si jamais on a besoin de feuilles pour écrire on viendra te voir ! »

Quand ce n’est pas les gens qui viennent toquer chez moi, c’est moi qui vais frapper chez eux. Un jour, j’avais acheté quatre crèmes au chocolat et en en mangeant une, je me suis rendu compte que je n’aimais pas ça. Ça me faisait du mal de les jeter, alors je les ai refilées à mes voisins. Je me suis donc baladée dans le couloir en chaussettes, parce que j’avais la flemme de mettre mes chaussures, et j’ai toqué à toutes les portes que je croisais. Au bout de la cinquième fois, la porte s’est ouverte sur un grand gaillard. En regardant derrière lui, je pouvais voir qu’il était en train de se faire à manger, parce qu’il y avait une casserole sur le feu. Je lui ai donc proposé mes crèmes au chocolat. Il m’a remerciée et on est repartis chacun dans son appart’. Résultat : pas de gâchis !

Allo, le plombier ? C’est pour une urgence…

Mais vivre seule, c’est aussi des responsabilités. Je dois faire ma lessive chaque semaine, en général le dimanche, et je croise toujours cette même fille plus petite que moi en taille, aux cheveux très courts de couleurs rose pastel, avec de grandes lunettes rondes. Elle est vraiment très jolie, et même si je ne lui ai jamais vraiment parlé, je l’adore. Je dois aussi aller faire mes courses. C’est à 15 minutes de chez moi à pied, c’est pourquoi j’ai toujours la flemme d’y aller. Ma mère m’a acheté un cabas à roulettes parce que les sacs de courses me font mal à l’épaule.

Le pire truc qui me soit arrivé depuis que je vis seule, c’est une fuite d’eau dans mon appartement. C’était un jeudi, vers 16 h 30. Quand je l’ai remarquée, toute l’entrée de l’appartement était inondée. Je ne savais même pas d’où ça venait. J’ai tout épongé en me disant que ça allait s’arrêter, mais ça a continué. Vers 17 heures, j’ai décidé d’aller à l’accueil de la résidence pour essayer de trouver de l’aide. Il n’y avait personne, seulement un numéro à appeler. Il n’a jamais répondu.

J’étais complètement paniquée donc je suis retournée dans mon appartement pour chercher sur mon ordinateur un numéro de plombier. Quand je suis entrée, la flaque avait encore pris de l’ampleur. Vingt minutes plus tard, deux gars arrivent et me demandent d’où vient la fuite. Je leur dis que je ne sais pas. Ils se mettent donc à chercher, sortent de mon appartement, et ouvrent la porte voisine de la mienne. C’est là que je découvre que c’était en fait une mini-pièce avec plein de tuyaux, dont un qui passait sous mon appartement, et qui fuitait. Les plombiers ont coupé l’eau, m’ont aidée à éponger mon entrée, et se sont mis à calculer le prix de leur intervention. Verdict : 561 euros. J’étais complètement paniquée mais je ne le montrais pas.

C’est en voulant payer que j’ai appris que ma carte bancaire avait un plafond de 400 euros. Heureusement, j’avais gardé les 200 euros en liquide que j’avais eu de ma grand-mère et de ma tante à Noël. En en parlant à mon propriétaire, il m’a dit que je pouvais me faire rembourser en écrivant au syndicat d’urgence. Plus tard, j’ai appris que le numéro que j’avais appelé était en fait un numéro d’urgence et que c’était pour ça que ça m’avait coûté aussi cher. Plus jamais je ne ferai la même erreur. D’ailleurs, je n’ai toujours pas été remboursée.

Prendre le temps de vivre

Même si ce n’est pas facile tous les jours, c’est une grande fierté de ne plus avoir à me reposer sur mes parents pour vivre ! Après ce service civique, j’espère trouver des stages en tant que soigneur animalier, ou bien alors être acceptée dans les écoles de cinéma et d’images que j’ai demandées sur Parcoursup. Oui je sais, ça n’a aucun rapport mais c’est deux trucs qui me passionnent ! Je positive en voyant que je ne suis pas la seule à galérer à essayer de trouver du travail ou une école, que c’est normal, surtout en cette période de crise. Je me dis que, quand elle sera terminée, ce sera plus facile. Et je ne m’inquiète pas trop de ne pas trouver tout de suite car si jamais j’ai besoin, mes parents accepteront de m’aider. Ce sera un petit retour en arrière, mais je garderai quand même mon indépendance.

Avant de reprendre les études, quand mon service civique sera terminé, je vais sûrement quitter mon appartement pour aller vivre quelques semaines avec ma meilleure amie dans un appartement qu’elle a acheté à Toulouse. Ça reviendra beaucoup moins cher qu’ici, à Bordeaux, et ça me fera une nouvelle expérience de vie.

Même si ce n’est pas tout le temps facile, d’autant plus que je suis assez anxieuse, j’essaie de m’améliorer. Et j’ai bien l’impression que vivre seule m’aide beaucoup !

 

Lucille, 18 ans, volontaire en service civique, Bordeaux

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1 réaction

  1. c’est une expérience assez forte et intéressante aujourd’hui tu dois être dans la vingtaine , tu dois avoir de l’expérience , le fait que je sois africaine du centrale me complique la tâche puisqu’ici une fille ne peut pas vivre seule en tout cas pas en dehors d’être une étudiante , je suis autant motivée parce que j’ai 17 ans j’ai seulement peur de l’insécurité mais l’indépendance me définit mieux. vivre seule loin du toit familiale c’est une fierté et ça nous laisse encore nous épanouir , du jour au lendemain je perd espoir mais je le reprends aussitôt puisque l’autonomie fais poussé des ailes , devenir cette fille bizarre qui a quitté le quartier et cette employés super jeune qui habite sous son toit on me dira sans doute “quel gâchis” j’ai déjà eu un emploi c’était pas à vomir , je vais bientôt réaliser 18 ans être majeur me donneras encore plus confiance en moi , vivre doit donner envie de vivre , à quoi bon si on doit répété le même scénario de vie pour chaque fille à femme , vivre seule est un grand engagement mais oser en est la clé , défier tout les risques possible pour vivre épanouie dans ce monde où la routine fais la force , j’espère que ta vie va mieux et que ça t’as fait poussé des ailes, souhaite moi bonne chance puisqu’ici ça n’arrive pas tout les jours.

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