La voile, ça m’a donné confiance en moi
D’abord, j’ai fait des petits stages d’une semaine tous les étés. J’ai commencé par faire de l’optimiste, puis du catamaran, et de la planche à voile. Après tout ça, j’ai préféré faire du catamaran, car c’est un bateau puissant sur la mer, et parce que j’aime bien la vitesse. Je me suis donc inscrit pour en faire à l’année, et ça fait maintenant quatre ans que j’en fais.
Ce qui m’a fait aimer la voile et la mer en général, c’est mon grand-père. Il a un bateau qui se situe sur une petite plage à Plougonvelin : la Plage des Trois Curés. Et on part souvent faire de la pêche ensemble, en été, le matin jusqu’à midi ou en début d’après-midi. Comme on habite proche de la mer, autant en profiter ! Je ramène ma canne à pêche avec moi et ma caisse à hameçons. Je l’attends sur le quai avec ma grand-mère, il vient nous chercher et on part. On commence par relever les casiers, puis on pêche à la ligne [une technique de pêche avec un long fil, le long duquel sont accrochés plusieurs hameçons, ndlr].
Vaincre ma timidité
Lors de ma première année de voile, je n’avais pas trop confiance en moi. Normal, je venais juste de commencer. Mais peu à peu, j’ai pris de plus en plus d’assurance. Cette confiance s’est répercutée dans ma vie de tous les jours.
Avant ça, de la primaire à la sixième à peu près, je ne m’affirmais pas trop, j’étais timide. Mais à la voile, j’ai rencontré des personnes, des moniteurs, qui font en sorte de te mettre à l’aise dès le début. Comme ils voient beaucoup de gens tout le temps, ils ont souvent de la discussion. Ça commençait juste sur un « bonjour », puis après j’ai appris à parler aux gens très facilement et à avoir un contact facile.
Aujourd’hui, je fais aide moniteur l’été : je vois énormément de nouvelles personnes toutes les semaines. Je dois parler à des inconnus - certains sont Français, Belges, Allemands - et j’ai gagné en autonomie et en discussion.
La peur des fonds marins
Au départ, j’avais quand même une vraie peur de la mer ou plutôt des fonds marins, car on ne voit pas en bas. Quand le bateau dessale (se retourne), c’est assez effrayant. Je pense que c’est ça qui m’a fait le plus peur en faisant de la voile, mais maintenant tout va bien. C’est à force de tomber à l’eau et d’être sur la mer que cette peur s’est retirée.
Mon meilleur souvenir, c’était le jour de ma première course, une régate [course dans le domaine des sports nautiques, ndlr]. C’était impressionnant le nombre de bateaux sur l’eau tous confondus (catamarans, planches à voile, lasers, optimistes…) : j’en garde un super souvenir ! C’était en début de seconde, à Plougonvelin donc mon centre nautique, avec plein de personnes. J’en connaissais mais certaines venaient d’autres centres nautiques.
Il y avait des bénévoles qui faisaient des crêpes, d’autres s’occupaient des inscriptions, des moniteurs plaçaient le parcours sur l’eau… Moi, j’étais sur un catamaran RS Cat 16 de mon centre, avec mon coéquipier Johan. On a fini troisièmes : pour ma première régate, j’étais assez fier.
Une sensation hors du commun
Une autre super sensation, c’est quand on est tout seul et qu’on va « au trapèze », c’est-à-dire tout le corps en dehors du bateau. On est attaché à une sangle, elle-même attachée aux mâts et on est presque dans le vide. Quand je fais ça, je sens une sorte d’adrénaline, une sensation agréable. Je contrôle un bateau de 150 kg en plein milieu de la mer, qui se bat contre les éléments.
La dernière fois que j’en ai fait, il y avait une grosse mer [description de l’état de la mer, qui signifie ici une mer blanchie par l’écume, ndlr]. On allait à 17 nœuds en vitesse, soit à peu près 34 km/h. Ca allait très vite sur l’eau, on était deux sur le bateau et parfois j’étais au trapèze. Je me sentais vraiment important et utile, parce que si je ne manœuvrais pas, on finissait à l’eau !
Aujourd’hui, j’ai le niveau 4 en voile (il y en a cinq en tout). Je la pratique souvent à deux car on est nombreux dans mon groupe, du coup on doit être deux. Mais je préfère en faire seul quand je peux car le catamaran est plus léger. Seul, on est plus autonome, et je trouve qu’on a de meilleures sensations de vitesse et de plaisir.
Yann, 15 ans, lycéen, Plougonvelin