Roxane D. 18/05/2017

Pourquoi passer par l’école pour réussir ?

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Si certains s'épanouissent dans le système scolaire classique, d'autres préfèrent prendre des chemins de traverse. Autodidactes, ils cassent les codes pour mieux inventer leur vie professionnelle. C'est le cas d'Antonio, un aspirant cinéaste que j'ai rencontré il y a quelques années....

J’ai rencontré Antonio sur les bancs de la fac. Des rêves plein la tête, une énergie débordante, grand lecteur et cinéphile, sa culture générale étonnait ses profs, souvent tourmentés, d’ailleurs, par ses contradictions pointues… Pour être honnête, il m’agaçait aussi un peu, avec ses références sorties d’ailleurs quand nous n’étions pas d’accord.

Antonio avait abandonné l’école de cinéma où il étudiait : «  Un tas de gosses de riches sans idées, sans vrais désirs d’élévation intellectuelle », disait-il.

S’en sortir… par soi-même

A l’université, il s’est tourné vers la philosophie, puis au bout de quelques années, il est de nouveau passé de la philosophie au cinéma… Mais toujours le même problème : celui de correspondre aux exigences du système scolaire. Etudier les philosophes ou cinéastes « mainstream », disait-il, était problématique pour lui. Le format pour s’exprimer, dissertations ou scenarios au thème imposé : pas son genre.

Bref, Antonio, était un élève surdoué et hyper-actif, pas fait pour le système qu’on lui proposait pour réussir. Il n’aimait pas les règles et préférait les dépasser.

Depuis quelques années maintenant, il a compris que ce n’est par aucun circuit classique qu’il réussira.

Il a donc décidé d’en sortir et, grâce à ses travaux d’écritures et ses courts-métrages réalisés à ses frais, il s’est fait embaucher dans une boite de production parisienne.

Mais c’est surtout à partir de 2016, lorsqu’il a décidé de retourner au Honduras (il est franco-hondurien par sa mère), qu’il s’est lancé à fond dans ce qui le passionne : la réalisation.  Il a alors pris le nom artistique de Qanil Maoc et réalisé le court métrage Ouroboros, qui mêle subtilement l’univers clownesque, qui le passionne, à celui du cinéma.

Peut-être le prochain Chaplin !

Depuis peu, Antonio a le projet ambitieux de lancer une série policière réalisée au Honduras, avec un casting et une équipe technique honduriens. Une série qui passerait à la télévision nationale. Son objectif est de promouvoir des artistes locaux : des gens du théâtre, des comédiens de stand-up et des musiciens. Antonio a à cœur de faire connaître un autre visage du Honduras, pays trop connu pour la violence qui y règne.

Le problème, comme souvent, est le suivant : l’argent. Comme le Honduras ne possède pas de ministère de la culture, difficile d’obtenir des financements pour ses projets. Par ailleurs, un des problèmes dans le monde culturel au Honduras est que les organismes qui financent des films conditionnent le cinéma et le formate.

L’idée d’Antonio est donc de créer une boite de production qui casserait ce modèle, en formant des professionnels d’un nouveau genre.

C’est par le crowdfunding qu’il a décidé de passer. Peut-être un futur Charlie Chaplin franco-hondurien, voilà un jeune (comme il en existe quelques-uns) qui cherche les « voies de traverses » pour parvenir à faire ce qui lui plait.

Inspirant, pour ceux – et nous sommes beaucoup – qui peuvent être déroutés par ce que le système propose et qui peuvent être tentés d’abandonner l’idée de faire ce qui leur plait. Les alternatives existent, même si elles exigent certainement beaucoup.

 

Roxane, 24 ans, étudiante, Colombes

Crédit photo CC Garry Knight // Flickr 

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1 réaction

  1. Et engagé pour de sacrées causes, un authentique qui est prometteur. 🙂
    merci pour cet article Roxane

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